3. Communautés francophones comme partie prenante
Dans le système de santé, la participation citoyenne a été mise de l’avant au moyen des principes du patient partenaire qui promeuvent l’inclusion des patients dans la planification et la prestation des services en vue d’augmenter la sécurité, la qualité et l’originalité des solutions apportées80. En Ontario, la Loi donnant la priorité aux patients va en ce sens en reconnaissant l’importance de la voix des patients dans la planification locale des soins et des services.
Ceci étant, le Règlement 515/09, Engagement de la collectivité francophone en application de l’article 16 de la loi admet explicitement la particularité de cette communauté. De même, il sollicite sa participation à la planification des soins, par un encadrement des Entités de planification des services de santé en français (Entités) et leur collaboration avec les Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS). Si la modification récente de ce règlement laisse présager une plus grande reconnaissance, de la part des RLISS et des Entités, de la perspective de la communauté francophone à l’échelle régionale, ses modes d’application au niveau local, institutionnel et des services, surtout dans des contextes fortement minoritaires, demeurent un travail en cours.
Différentes expériences gagnent à être généralisées afin de réaliser et de préciser le rôle de la communauté francophone dans le continuum de soins.
En lien avec une approche plus collaborative, Le Guide de planification et de prestation des soins de longue durée en français81 fait de l’engagement communautaire un des six attributs à intégrer au sein d’un modèle optimal de soins de longue durée en français pour l’Ontario.
Il s’agit de dépasser largement la simple consultation pour viser une collaboration dans la planification des soins et de l’organisation intégrant les familles, les communautés, les fournisseurs de soins et d’autres parties prenantes. L’expérience avérée de l’Hôpital Montfort à l’égard de la participation des patients partenaires et de la mise en valeur de leurs expertises francophones, pourrait également être mobilisée. Elle gagne également à prendre diverses formes :
« (…) qu’il s’agisse d’orienter les politiques et la planification entourant les services de santé en français ou les services pour aînés; la stratégie, les valeurs, les politiques et les programmes d’un organisme; ou d’assurer la participation des patients, des résidents et des familles et proches aidants à la planification des soins et à l’autogestion des maladies82 ».
Ces initiatives ne vont toutefois pas jusqu’à l’esprit premier de l’offre active où, en aval de la planification et de l’offre de services, l’opinion des francophones est sollicitée pour évaluer et bonifier la qualité des services offerts en français. Mais l’évaluation demeure un enjeu plus large, dans la mesure où les performances des organismes désignés selon la Loi sur les services en français ne sont toujours pas évaluées annuellement. On pourra discuter sérieusement de sécurité et de qualité des soins prodigués aux personnes âgées francophones lorsqu’une évaluation des organismes désignés, intégrée à celle annuelle des ministères, transparente et reconnaissant la perspective des personnes âgées francophones, sera régularisée.
- Institut canadien pour la sécurité des patients, Le Guide canadien de l’engagement des patients en matière de sécurité, 77 p. http://www.hqontario.ca/Portals/0/documents/pe/engaging-patients-in-patient-safety-fr.pdf
- Réseau franco-santé du Sud de l’Ontario, Le Guide de planification et de prestation des soins de longue durée en français, 2018, 106
- Ibid., p.11.