1. Démence
Aborder le vieillissement ne peut se faire sans réflexion sur la démence car l’allongement de l’espérance de vie s’accompagne d’une hausse des maladies cognitives apparaissant en moyenne à 80 ans.
La démence fait partie des maladies cognitives dont le diagnostic se fonde sur des signes et symptômes tels que la perte de mémoire, la difficulté d’exécuter des tâches quotidiennes ou des troubles du langage64.
La maladie d’Alzheimer toucherait ainsi entre 60 % et 80 % des personnes atteintes de démence65. Elle en est donc de loin la forme la plus répandue. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes bénéficiant des soins de longue durée seraient atteintes de démence66. Insister sur ce type de maladie permet donc ici de mettre en lumière des réalités de santé publique, sociales et économiques qui toucheront de près ou de loin une majorité d’Ontariens.
Les soins et les services prodigués aux personnes atteintes de démence varient largement, tout en étant requis de manière plus intensive. Par exemple, on note : une fréquence de consultation d’un médecin plus élevée, un plus grand nombre d’ordonnances et deux fois plus de présence aux urgences ou d’hospitalisations. De même, plus de 90 % des personnes se faisant poser un diagnostic de démence vivent avec au moins deux autres maladies chroniques. À ce titre, on parle souvent de « l’effet domino de la démence » 67, 68, 69.
Prévalence des maladies cognitives chez les francophones de 65 ans et plus 70 | ||
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Région | 2016 | 2028 |
Ontario | 10 718 | 14 648 |
Centre | 2 916 | 3 986 |
Est | 4 016 | 5 489 |
Nord-Est | 2 651 | 3 623 |
Nord-Ouest | 182 | 249 |
Sud-Ouest | 952 | 1 301 |
65 % des personnes avec un diagnostic de démence sont des femmes. Cette proportion tendra à diminuer.
42 % des personnes avec un diagnostic de démence ont 85 ans et plus. Cette proportion tendra à augmenter.
Société Alzheimer de l’Ontario, 2012
Cet effet domino se répercute également chez les proches aidants des personnes atteintes de démence, celles-ci étant cinq fois plus susceptibles que les autres types de proches aidants de développer de la détresse psychologique71.
Pour les francophones, à cette complexité s’ajoutent des réalités spécifiques puisque, de manière générale, l’accès aux soins de santé, la satisfaction et l’expérience des patients sont affectés négativement par les personnes confrontées à des barrières linguistiques72.
Les patients qui font face à des barrières linguistiques ont tendance à abandonner leurs traitements, en plus de les placer en danger d’effets indésirables73.
Pour nombre de personnes âgées, la maîtrise de la langue seconde diminue en raison du vieillissement74. Les conditions de stress peuvent agir ici comme facteurs aggravants. Ceci étant, l’attrition de la langue seconde s’avère plus marquée pour les patients souffrant de démence.
- Société Alzheimer du Canada, Prevalence and Monetary Costs of Dementia in Canada, Toronto, 2016, 70 p.
- Feldman, H. et Carole A., Estabrooks, « The Canadian dementia challenge: ensuring optimal care and services for those at risk or with dementia throughout the country », Revue canadienne de santé publique, 108(1), 2017, p. 95-97.
- Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). SISLD Système d’information sur les soins de longue durée : Profil des résidents d’établissements de soins de longue durée en 2015-2016. https://www.cihi.ca/fr/statistiques-eclair
- Tranmer j.J.E, R. Croxford, P.C. Coyte, « Dementia in Ontario: Prevalence and Health Services Utilization, », La Revue canadienne du vieillissement, vol. 22, no 4, 2003, p. 369-379.
- Regional Geriatric Program of Toronto (2012). Frequently Asked Questions about the Regional Geriatric Program of Toronto.
- Ministère de la Santé et des Soins de longue durée, Élaborer la stratégie ontarienne en matière de démence : Document de travail, Toronto, 2016, 60 p.
- La prévalence est calculée à partir des données du recensement de 2016 et des projections élaborées dans le cadre de ce rapport annuel. Les taux de maladies cognitives sont ceux fournis par la Société Alzheimer du Canada (2016).
- Alzheimer Society of Ontario, Dementia Evidence Brief: Ontario. Toronto, 2012, 12 p.
- Sarah Bowen, Impact des barrières linguistiques sur la sécurité des patients et la qualité des soins, Rapport préparé pour Société santé en français, 2015, 51 p.
- Savard, J. et al. « Évaluation métrologique de la mesure de l’offre active de services sociaux et de santé en français en contexte minoritaire », Reflets : Revue d’intervention sociale et communautaire, 20(2), 2014, p. 83-122.
- Sarah Bowen, Op cit., 2015.