2. Continuité linguistique déficitaire
Les lacunes au niveau de la transmission de la langue française aux enfants, dont au moins un des parents est francophone, expliquent une part importante de l’évolution démographique des Franco-Ontariens. Au Canada, le taux de transmission du français chez les couples dont un seul conjoint est francophone (famille exogame) est de 31 %, alors qu’il est de 91 % dans les familles composées de deux conjoints ayant le français comme langue maternelle (familles endogames). Ce constat s’articule avec une diminution croissante du nombre de familles endogames.
En 2016, moins d’un tiers (30,5 %) des familles francophones étaient endogames, ce qui constitue une diminution par rapport à 2011 où cette proportion était de 31,7 %, et à 2006 où elle était de 33,3 %5. Seule la région du Centre a vu sa proportion de familles endogames augmenter entre 2006 et 2016. Les régions où l’exogamie est la plus répandue sont le Nord-Ouest (85,1 %), le Sud-Ouest (84,9 %) et le Centre (79,8 %). Alors que les régions où l’exogamie est moins présente sont le Nord- Est (58,4 %) et l’Est (60,4 %)6. L’exogamie devrait progresser dans l’ensemble de l’Ontario d’ici 2028. Étant donné la force d’attraction de l’anglais, une grande majorité de ces transferts se font au profit de de la majorité de langue anglaise.
Taux de transferts linguistiques des francophones vers l’anglais – recensement de 2016 | ||
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Région | Francophone non immigrant | Immigrant francophone |
Ontario | 46,8% | 37,3 % |
Centre (sans Toronto) | 72,7 % | 52,0 % |
RMR de Toronto | 64,0 % | 42,2 % |
Est | 34,3 % | 22,4 % |
Nord-Est | 42,0 % | 37,8 % |
Nord-Ouest | 68,4 % | 47,1 % |
Sud-Ouest | 77,0 % | 47,1 % |
L’Enquête auprès des ménages de 2011 a démontré qu’à l’extérieur du Québec, 41 % de la population de langue maternelle française avait adopté l’anglais comme langue parlée le plus souvent à la maison7. En 2016, ce taux était de 45,9 % pour l’Ontario. Le tableau 1 montre toutefois que les transferts linguistiques vers l’anglais sont moins importants chez les francophones issus de l’immigration. De même, les divisions de recensement où la densité de francophones est plus importante, comme Ottawa, Prescott-Russell, Nipissing, Sudbury ou Cochrane, parlent davantage le français à la maison.
Les tendances liées à la mobilité linguistique d’une population impliquent de nombreux facteurs dont certains sont culturels, comme l’attraction suscitée par l’anglais ou l’étendue, la visibilité et la qualité égale du continuum de l’éducation de langue française. Dans tous les cas, ces tendances sont lourdes et il y a de fortes probabilités que cette mobilité linguistique vers l’anglais se perpétue, voire s’accentue, jusqu’en 2028.
- Données obtenues de l’Office des Affaires francophones en janvier 2018. Profil de la population francophone de l’Ontario – 2016. 14 p.
- Morency Jean-Dominique, Éric Caron-Malenfant, Samuel Macisaac, Immigration et diversité : projections de la population du Canada et de ses régions. 2011 à 2036, équipe de Demosim de Statistique Canada, 2017, 143 p.
- Mireille Vézina, René Houle, «La transmission de la langue française au sein des familles exogames et endogames francophones au Canada», Cahiers québécois de démographie. Vol. 43, no 2, 2014, p. 399-437.