2. Évolution du paysage médiatique

La viabilité des médias de langue française en Ontario sera mise à l’épreuve par l’accélération du rythme des changements technologiques au cours des prochaines années. Certains prédisent déjà que l’intelligence artificielle générera 90 % des informations lues par le grand public d’ici 2025. De façon moins spectaculaire, on prédit qu’elle prendra en charge le travail répétitif des journalistes et les repositionnera vers des tâches à plus haute valeur ajoutée¹⁰⁶. D’autres affirment que la technologie de la chaîne de blocs (aussi reconnue sous le nom de blockchain¹⁰⁷) transformera la gestion des droits et des redevances, facilitera le financement participatif de contenus, éliminera des intermédiaires de vente de publicités numériques et contribuera à réduire le piratage de contenus¹⁰⁸. Bref, les défis engendrés par les transformations technologiques rapides seront imposants. Ils requerront des investissements fréquents, de la formation continue, ainsi qu’une forte résilience stratégique et opérationnelle.

Tous les efforts qui seront déployés pour améliorer l’offre de contenus des médias de langue française en Ontario n’engendreront pas les résultats espérés, si la demande n’est pas considérablement stimulée. Un défi majeur de la prochaine décennie sera donc d’accroître le volume et l’engagement de l’audience des médias de langue française en Ontario. Ces derniers font face à une concurrence ahurissante de la part des médias de langue anglaise, dont sont friands les Franco-Ontariens.

De plus, le visage de la diversité franco-ontarienne change la donne de l’offre et de la demande de contenus. Les Franco- Ontariens ne forment pas un groupe homogène, de par leur diversité ethnique, culturelle, démographique et régionale. Les vagues d’immigration de la prochaine décennie accentueront ce fait. Conséquemment, les francophones de l’Ontario seront de plus en plus segmentés et leurs sources d’information seront toutes aussi diversifiées que mondiales. Réussir à les toucher et à les engager dans leur pluralité demeurera un défi. Cette évolution du portrait franco-ontarien sera un élément catalyseur d’innovation et pourrait donner naissance à de nouvelles voix médiatiques de langue française en Ontario.