Rapport annuel 2017-2018

Se projeter, se préparer

Version PDF

3. Langue comme vecteur d’interventions professionnelles

Il n’y a pas de doute, les compétences linguistiques demeureront clés pour plusieurs domaines d’employabilité en Ontario. Pour ces domaines, la capacité d’œuvrer en français demeurera une dimension essentielle de la préparation de la main- d’œuvre de demain.

Avec le vieillissement de la population, la demande de professions de la santé ne fera que croître. Il y a déjà une pénurie de professionnels de la santé parlant français en Ontario. La nécessité d’embaucher, de former et de fidéliser de tels praticiens risque de devenir de plus en plus pressante. On peut en dire autant des infirmiers, des travailleurs sociaux et des praticiens de la santé mentale – il en faut qui parlent français pour répondre aux besoins des francophones. Ce sont toutes des professions issues des domaines des sciences de la santé qui continueront d’être en demande et où la langue sera garante du succès des interventions des professionnels.

Or, l’anglais tend à être davantage la langue de travail dans les domaines issus des sciences pures, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques que dans ceux issus des sciences humaines et sociales. Cela peut exercer sur les élèves une pression supplémentaire les incitant à quitter les établissements de langue française pour poursuivre leurs études en anglais avec la fausse impression qu’ils avanceront davantage en étudiant en anglais dans ces domaines. Si étudier en français semble être un risque qui rapporte peu, les jeunes en seront grandement découragés. Il importera donc de veiller à ce qu’une hausse de l’intérêt des élèves francophones pour les professions de la santé exigeant une formation scientifique ne s’accompagne pas d’une baisse de l’intérêt ou de l’aptitude à travailler en français. Dans des institutions comme le Collège Boréal ou à La Cité, les cours sont donnés en français, mais les termes techniques sont également enseignés en anglais, afin que les étudiants soient prêts pour le marché du travail ontarien.

L’expérience influence cet intérêt de poursuivre ses études et de travailler en français. D’ailleurs, le nombre et la qualification des enseignants de français dans le système d’éducation sont une préoccupation récurrente en Ontario. Bien que l’on compte aujourd’hui environ 14 000 élèves de plus qui étudient en français qu’il y a dix ans147, la province est généralement mal équipée pour s’adapter à ce nombre croissant d’inscriptions dans les écoles de langue française. Malgré de nombreux efforts budgétaires du ministère de l’Éducation ayant suivi le rapport d’enquête du Commissariat en 2011148, le bassin d’enseignants de français qualifiés qui peuvent travailler pour les écoles de langue française demeure maigre. Il faudra attirer des élèves d’expression française vers l’enseignement et faciliter davantage la reconnaissance de la formation d’enseignants acquise dans d’autres pays francophones. Ces efforts de recrutement devront également s’aligner sur les priorités fédérales du Plan d’action pour les langues officielles qui soulève cet enjeu critique.

Les écoles de langue anglaise ont tout autant leur lot de défis. Elles vivent aussi une alarmante pénurie d’enseignants qualifiés de français langue seconde, sans compter la féroce concurrence entre elles. On dit que les enseignants doivent souvent partager leur temps entre deux classes et que lorsqu’un enseignant est malade, la direction d’école a recours à un remplaçant de langue anglaise149. En 2017, les conseillers scolaires du Waterloo Catholic District School Board ont même formellement demandé à la province d’intervenir150. Le gouvernement a la responsabilité d’encourager les mesures favorables au maintien des services et des programmes en français, notamment en éducation, pour pallier les pénuries et assurer la formation pertinente au marché du travail en mutation. Le commissaire propose quelques pistes, dont certaines sont issues de l’éducation postsecondaire.


  1. Plus de détails : http://www.cbc.ca/news/canada/sudbury/french-school-boards-ontario-20-years-1.4351288
  2. Plus de détails: https://csfontario.ca/fr/rapports/ra1617/bilan/education-%C2%AD-primaire-et-secondaire/rapport-enque%CC%82te-ecoles-grande-region-de-toronto
  3. Ibid.
  4. Ibid.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *