Base de données des professionnels de la santé

Le manque de données permettant d’identifier les praticiens ayant la capacité d’offrir des services de santé en français a souvent fait surface par le passé. Ce fut d’ailleurs l’objet d’une plainte qui a permis au Commissariat de résoudre une partie du problème en 2010.

La plainte a permis d’isoler la source du problème ; les formulaires des ordres professionnels ne comportaient pas de question sur les langues dans lesquelles leurs membres étaient en mesure d’offrir des soins. Les professionnels remplissaient donc ces formulaires sans avoir la possibilité d’indiquer qu’ils pourraient servir leurs patients en français. Puisque ces formulaires alimentent la base de données du ministère de la Santé et des Soins de longue durée, ces renseignements importants s’en trouvaient exclus. En conséquence, il a été impossible d’établir l’offre actuelle et la répartition géographique des professionnels de la santé de langue française en Ontario.

L’intervention et la médiation du Commissariat ont permis de régler la plainte. Mais un autre problème a fait surface depuis. L’utilité d’une telle base de données repose sur la qualité des données que fournissent les ordres professionnels. En outre, même si le ministère a fait des efforts pour rendre publics les rapports sur la Base de données des professionnels de la santé, il y a place à l’amélioration dans la connaissance de l’existence et du potentiel de cette base de données, qui permet au ministère de produire des rapports adaptés. Ces rapports aident les intervenants de la santé à planifier la gestion des ressources humaines ou les établissements postsecondaires à prévoir les domaines de formations selon les besoins ciblés.

Un autre problème subsiste. Au moment de rédiger ce rapport, les dernières données entrées à cette base de données remontaient à 2013. Depuis, bien des changements, départs à la retraite, déménagements, mises à pied ou même embauches de professionnels de la santé ont certainement eu lieu. À ce jour, il est inconcevable que de telles données aussi importantes sur le nombre de professionnels francophones œuvrant en santé ne soient pas mises à jour annuellement.

Sans données à jour, il est impossible de planifier adéquatement les besoins de professionnels de la santé en français selon les régions, selon les professions réglementées.

Il est temps de redonner la priorité aux patients, y compris les patients francophones, en leur proposant des avenues concrètes où trouver des services de santé en français. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui se fait dans le domaine de la justice, où, par exemple, les sites Web du ministère du Procureur général et de la Cour de justice de l’Ontario listent les lieux précis où les citoyens peuvent recevoir des services en français. Ou pourquoi ne pas développer une application mobile qui dirigerait les patients francophones vers les fournisseurs de services appropriés. De plus les professionnels de la santé pourraient utiliser cette application lorsqu’ils doivent diriger les patients francophones vers un spécialiste. En travaillant avec les Entités, les RLISS devraient pouvoir offrir cette même information de base.

Le Réseau de santé en français de l’Est de l’Ontario a créé un outil intéressant, un système de collecte de données et de statistiques, qui lui permet d’identifier les professionnels de la santé qui peuvent offrir des services en français, d’obtenir des détails au sujet de ces services et de savoir où ils se trouvent dans leur région. Cette initiative permettra de générer de l’information essentielle au sujet de la capacité de planifier, d’évaluer la performance et de prendre des décisions sensées pour améliorer l’accès aux services de santé en français.

Recommandation 3

Le commissaire recommande au ministre de la Santé et des Soins de longue durée d’élaborer des stratégies novatrices visant à faire en sorte que les citoyens sachent où et comment obtenir des services de santé en français. À cette fin, le ministre s’assure de :

(a) rendre public un portrait précis des praticiens qui peuvent oeuvrer en français partout en Ontario;

(b) collecter annuellement, mettre à jour et rendre facilement accessibles les données publiées sur son site Web dans la Base de données des professions de la santé ; et

(c) produire des rapports sur mesure facilement accessibles.

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