Le leadership commence au sommet
Demander au commissaire de toujours reprendre le bâton de pèlerin n’est pas une approche viable. Non, la solution se trouve ailleurs. De fait, elle saute aux yeux… puisqu’elle figure noir sur blanc dans Loi sur les services en français.
Le commissaire n’est pas responsable de l’application de la Loi. Cette tâche est celle de la ministre déléguée aux Affaires francophones. Et cette tâche prévoit des éléments tels que la présentation d’un rapport annuel, la préparation et la recommandation de projets et priorités en matière de prestation de services en français, la surveillance de la mise sur pied de programmes visant la prestation de services en français et l’emploi de la langue française… et la demande expresse que soit élaborés et présentés des projets gouvernementaux visant la mise en œuvre de la Loi. Ce dernier élément est fondamental puisque la mise en œuvre de la Loi implique la mise en œuvre des recommandations du commissaire découlant de l’exercice de ses fonctions.
Le commissaire ne cherche aucunement à dénigrer l’admirable travail réalisé dans le passé et qui continue à se faire grâce à l’apport de la ministre déléguée aux Affaires francophones et à l’Office des affaires francophones. Loin de là. Mais la fadeur de certaines réponses du gouvernement à des recommandations pourtant déterminantes pour la communauté francophone le convainc qu’une telle situation serait rare et que les avancées seraient bien plus nombreuses si le gouvernement prenait les mesures nécessaires pour respecter pleinement la lettre de la Loi sur les services en français et faisaient montre de l’aplomb requis pour en respecter l’esprit.
Par ailleurs, le comité permanent actuellement chargé d’analyser les actions entreprises par l’Office des affaires francophones est le Comité permanent de la justice de l’Assemblée législative. Or, à la connaissance du commissaire, l’Office n’a jamais été convoqué à cet important comité permanent pour discuter d’enjeux relevant directement de la Loi sur les services français. Il serait pour le moins pertinent que le comité mandaté à cette fin soit plus au fait des enjeux relevant des services en français ainsi que du rôle essentiel que joue et que doit continuer de jouer l’Office des affaires francophones.
Dans cette nouvelle ère de dialogue plus direct entre les gouvernements et le public, la transparence devient absolument critique. Les citoyens de l’Ontario ont besoin de se voir présenter, au moins une fois par année, la vision du gouvernement en matière de prestation de services en français, notamment en ce qui touche les initiatives de la ministre et de celles de l’Office des affaires francophones. La communauté mérite mieux que les rapports annuels actuels qui, enfouis quelque part sur un site Internet, ne contiennent principalement que du réchauffé. Dans leur incarnation actuelle, ces rapports sont rédigés dans une optique purement administrative, à la seule fin de s’acquitter d’une obligation juridique. Dénués de vision, d’inspiration et de dynamisme, les rapports annuels actuels sont autant d’occasions ratées d’engager un véritable dialogue avec la communauté franco-ontarienne et l’ensemble de la société. L’excuse de manque de temps et de ressources ne tient pas la route. Il est impératif que la ministre tire parti des mécanismes et moments prévus par les parlementaires pour exposer ses réflexions stratégiques sur le statut de la francophonie en Ontario en fonction de l’actualité, des enjeux et circonstances propres à chaque année, tout en gardant un cap sur des cibles à atteindre pour les années à venir.