L’importance des mécanismes de responsabilisation et d’un groupe d’experts
Dans son dernier rapport annuel, le commissaire a exprimé son souhait de voir le gouvernement se doter de mécanismes de responsabilisation transparents en matière d’immigration francophone afin de rapporter les résultats tangibles atteints en fonction des objectifs fixés, un souhait réitéré l’année dernière.
Ainsi, le ministère a récemment informé le commissaire qu’il allait rendre public son premier rapport d’étape sur ses efforts pangouvernementaux pour atteindre l’objectif de 5 % au printemps 2014, une période dont ce dernier entend profiter pour tenir des consultations auprès des intervenants francophones dans ce dossier.
Le commissaire reconnaît les différentes initiatives ministérielles à ce chapitre, dont la mise sur pied du groupe de travail interministériel. Nul besoin aussi de mentionner les efforts constants du ministère pour continuer de côtoyer les représentants de la communauté francophone dans le cadre de différents événements et forums d’intervenants intergouvernementaux et communautaires.
Autant de pas dans la bonne direction. Néanmoins, le gouvernement de l’Ontario ne dispose, pour l’heure, d’aucun mécanisme de reddition de comptes et d’évaluation transparent qui lui soit propre pour rapporter les résultats réalisés en fonction de la cible qu’il s’est fixée.
Il est vrai que le gouvernement fédéral publie chaque année les données sur le nombre de personnes admises au pays selon la province d’accueil et leurs connaissances linguistiques. Ces données peuvent, aux dires mêmes du ministère, représenter un certain défi dès lors que le gouvernement fédéral utilise une définition de francophone et une méthode de calcul aux antipodes de celle qui prévaut en Ontario.
Le commissaire voit mal comment le gouvernement souhaite mettre en place une stratégie gagnante visant à atteindre sa cible de 5 % sans que les principaux acteurs — qu’il s’agisse des intervenants du secteur, des municipalités ou encore des employeurs — s’y soient engagés en amont. Des consultations ponctuelles, même utiles, ne peuvent pallier la nécessité de travailler étroitement et en continu avec les partenaires qui non seulement connaissent intimement le terrain, mais qui en plus sont voués à jouer un plus grand rôle dans l’édification du nouveau système canadien d’immigration. Un exercice qui ne peut non plus se substituer à l’importance de répondre à la fois aux besoins et priorités des nouveaux arrivants francophones, mais aussi à ceux des communautés d’accueil.
Il est donc important que le gouvernement privilégie une approche holistique qui consisterait à conjuguer plusieurs outils et initiatives appuyant une mise en œuvre efficace d’une stratégie de promotion, de recrutement, d’accueil, de formation, d’intégration et de rétention des immigrants francophones. Parmi ces outils, la mise sur pied d’un groupe d’experts sur l’immigration francophone de même que des mécanismes de responsabilisation transparents et d’évaluation annuelle afin d’effectuer les ajustements nécessaires en fonction des résultats obtenus demeure cruciale. Ce groupe d’experts aurait la tâche de développer un plan stratégique pangouvernemental pour atteindre la cible de 5 % dans un délai raisonnable et réaliste. Ce plan prendrait également en compte les réalités régionales des principaux pôles d’attraction des nouveaux arrivants francophones.
Soit dit en passant, la mise sur pied de telles structures contribuant à la vitalité et au développement de la francophonie ontarienne n »est pas totalement étrangère au sein du gouvernement. C’est particulièrement le cas du Comité consultatif provincial sur les affaires francophones de la ministre déléguée aux Affaires francophones, du Conseil consultatif des services de santé en français du ministre de la Santé et des Soins de longue durée ou encore du Groupe de travail permanent de la ministre de l’Éducation. Il s’agit d’une structure d’autant plus cruciale que le ministre des Affaires civiques, de l’Immigration et du Commerce internationale ne dispose pas de division ou d’une direction responsable des programmes et services en français contrairement au ministère de l’Éducation ou encore à celui de la Santé et des Soins de longue durée.