Francophiles
La puissance du nombre
La fondation démocratique de ce pays repose sur l’application des droits des minorités de manière égale à ceux de la majorité. Tout en tentant d’obtenir des services en français pour un citoyen, on rappelle très souvent au Commissariat que les francophones ne représentent que 5 % de la population de l’Ontario. Cette statistique ne tient pas compte des nombreuses personnes qui choisissent de vivre et de travailler en français. Cette statistique exclut également les personnes qui cherchent activement à assurer la continuité du riche patrimoine franco-ontarien en s’appliquant à être bilingue : les francophiles. Tout comme le terme « francophone », le terme « francophile » peut signifier tant de choses différentes. Dans le cadre de la présente publication, un francophile est une personne qui « s’intéresse à la langue française et aux communautés de langue française du Canada ». Dans de nombreux cas, les enfants ont appris à parler français et recherchent activement les activités culturelles, les groupes et les produits de langue française.
Cela dit, l’union des forces entre les communautés francophones et francophiles aidera à favoriser la croissance de la population franco-ontarienne. Il existe déjà des résultats positifs d’un tel partenariat. En effet, c’est en partie grâce à l’énorme soutien de la communauté francophile, notamment de l’organisme Canadian Parents for French, que l’Assemblée législative a voté en faveur de la modification de la Loi sur les services en français et de l’indépendance accordée au Commissariat.
Une collaboration entre les deux communautés ne peut qu’être profitable, puisqu’elles sont touchées par des enjeux similaires en ce qui a trait à tous les paliers de l’éducation :
Question de la rétention des élèves à l’école secondaire :
• Seulement 36 %18 des élèves de la cohorte initiale de première année en immersion française19 (la meilleure solution pour atteindre un niveau supérieur de compétence en français menant vers le bilinguisme) se trouvent encore au sein du programme au moment où les élèves atteignent leur 12e année. Devant la perspective de choisir leurs études postsecondaires et constatant que peu de programmes sont offerts en français, surtout dans le Centre Sud-Ouest de l’Ontario, les étudiantes et étudiants en immersion française (ainsi que les étudiantes et étudiants francophones confondus) décident de se concentrer sur des études en anglais.
Manque d’accès à un soutien et à des ressources :
• Malgré une demande toujours croissante pour des programmes d’immersion, les conseils scolaires sont lents à offrir des solutions, et rapides à suggérer que les coûts et le manque de personnel enseignant de langue française qualifié sont des obstacles les empêchant d’offrir plus de programmes de langue française. Par conséquent, inscrire son enfant en immersion française reste souvent un système de loterie. Littéralement.
• Bien qu’ils reçoivent des subventions du ministère de l’Éducation pour offrir des programmes de français langue seconde, les conseils scolaires ont l’entière discrétion de la façon dont ils dépensent ces subventions et, qui plus est, ils ne sont pas
tenus d’en faire rapport.
• Les programmes de français langue seconde dans les écoles ne reçoivent pas toujours le même soutien et les mêmes ressources que les programmes réguliers d’anglais, laissant le personnel enseignant et les familles en assumer la charge.
• Distance — Inscrire son enfant soit dans une école de langue française ou dans un programme de français langue seconde comporte généralement un engagement supplémentaire de la part des parents en ce qui a trait aux déplacements sur une plus grande distance. Le transport gratuit (par autobus) pour se rendre aux programmes d’immersion en français n’est pas offert par tous les conseils scolaires.
Manque de données adéquates pour le suivi des parcours scolaires :
• Bien que l’on retrouve près de 165 000 élèves en immersion en Ontario20, le gouvernement ontarien ne recueille pas de données concernant leurs parcours vers l’éducation postsecondaire.
Une augmentation des partenariats et de la collaboration entre francophones et francophiles ne peut qu’être avantageuse pour toutes celles et tous ceux qui cherchent à réaliser de solides études en français, que ce soit auprès d’un établissement d’enseignement de langue française ou dans le cadre d’un programme de français langue seconde. En fait, le gouvernement a souligné dans son plan d’action : « Afin de favoriser le rapprochement entre les collectivités d’expression française et anglaise et de promouvoir le bilinguisme en Ontario, les programmes d’éducation en langue française et de français langue seconde des paliers élémentaire, secondaire et postsecondaire sont maintenant sous la tutelle d’une même division21 ».
Le commissaire souhaite réitérer l’idée exprimée dans son rapport annuel du dernier exercice financier : « Les francophones et les francophiles ont ainsi plus que jamais avantage à travailler ensemble plutôt qu’en silos22 », et il tient à ajouter que la croissance du nombre de personnes qui déploient des efforts pour faire avancer une cause commune ne peut que porter des fruits.
18 Pour plus de détails: http://on.cpf.ca/wp-content/blogs.dir/1/files/State-of-FSL-Education-in-Ontario-August-20132.pdf (page consultée en mai 2014). Article disponible en anglais seulement.
19 Le taux d’abandon est beaucoup plus élevé chez les élèves inscrits dans les programmes de base et intensifs en français qui sont moins soutenus. Il faut souligner que tous les élèves ontariens doivent suivre le programme de base en français de la 4e à la 9e année.
20Pour plus de détails: http://on.cpf.ca/wp-content/blogs.dir/1/files/State-of-FSL-Education-in-Ontario-August-20132.pdf (page consultée en mai 2014). Article disponible en anglais seulement.
21Entente Canada-Ontario relative à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’ enseignement de la seconde langue officielle 2009-2010 à 2012-2013.Disponible en ligne : http://www.edu.gov.on.ca.
22Commissariat aux services en français, Une nouvelle approche, Rapport annuel 2012-2013, Toronto, 2013.