Chapitre 2
Un cheminement humain
2.5.2 Programme de maternelle et jardin d’enfants à temps plein
Au printemps 2010, le gouvernement a adopté une loi permettant la mise en place d’un programme de la maternelle et du jardin d’enfants à temps plein pour les enfants âgés de quatre et cinq ans, assorti de programmes prolongés. Annoncé dans le budget de 2010, ce programme s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie gouvernementale destinée à améliorer les résultats des élèves et à réduire le taux de décrochage scolaire.
Les impacts de la mise en œuvre de ce programme continuent d’être soulevés par certains intervenants francophones. Plusieurs organismes ont en effet indiqué au commissaire qu’il existe un risque d’exode des éducateurs des garderies francophones vers les conseils scolaires en raison de leurs rémunérations jugées plus généreuses.
L’introduction de ce programme a entraîné une demande accrue pour des éducateurs de la petite enfance, et certains programmes de garde d’enfants, tant en français qu’en anglais, ont connu une perte de leur personnel au profit des conseils scolaires. D’ailleurs, en juillet 2012, le ministère de l’Éducation a reçu une plainte sur le fait que les éducateurs quittaient les garderies francophones pour rejoindre les programmes de garde d’enfants au sein des conseils scolaires de langue française dans la région de London.
En outre, il est important de noter que le mouvement des éducateurs des programmes de garde d’enfants vers les conseils scolaires n’est pas propre aux programmes de garde d’enfants en français, mais constitue un problème qui touche tout le secteur. De plus, depuis juin 2010, la grille de rémunération a été standardisée pour les éducateurs travaillant dans les conseils scolaires.
Le ministère continue de travailler en étroite collaboration avec le ministère de la Formation et des Collèges et Universités ainsi qu’avec l’Ordre des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance pour s’assurer que davantage de ces spécialistes soient formés à travers la province. De fait, la nécessité d’augmenter le nombre d’éducateurs en langue française est reconnue par le ministère qui finance précisément le Programme de formation complémentaire des éducatrices et éducateurs de la petite enfance, lequel cible le personnel des garderies francophones afin qu’il acquière les compétences obligatoires.
Bien que cette situation puisse possiblement se résoudre au fur et à mesure que de nouveaux éducateurs sont formés, ses conséquences à court terme sont considérables, soit le risque de fermeture de certains programmes de garde d’enfants agréés offerts en français, voire la fermeture même de ces garderies, et l’orientation des élèves francophones vers les écoles de langue anglaise. Le danger d’assimilation se fait ainsi plus grand, soit un enjeu auquel le commissaire demeure attentif.