Rapport annuel 2012-2013

Une nouvelle approche

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Chapitre 2

Un cheminement humain

2.1 Introduction – Une vie

En dépit de six ans d’avancées en matière d’amélioration de la prestation des services en français en Ontario, il n’est pas rare que pointe son nez la vieille la question du bien-fondé de la Loi sur les services en français et de l’énergie investie dans son application.

Si les motifs du questionnement varient de la simple curiosité au dessein intéressé, l’argument derrière celui-ci, lui, est pratiquement constant : « après tout, la plupart des francophones sont bilingues ». La répartie classique remonte aussi loin qu’au premier rapport annuel du commissaire : « Il existe une équation directe entre la prestation de services en français de qualité et l’épanouissement de la communauté franco-ontarienne ». Le lecteur voudra également se reporter à la section 1.3 de ce même rapport, qui situait déjà la Loi dans un contexte politico-social élargi.

Quant à ceux qui enchaînent avec l’allégation du coût élevé de la prestation de services en français, ils trouveront un contrepoids de circonstance dans l’avant-propos du rapport annuel 2011-2012, soit le coût élevé du manque de services en français. Il suffit de penser au domaine de la santé, où une mauvaise compréhension des instructions sur la prise d’un médicament ou une interprétation erronée des symptômes d’un patient fait parfois en sorte que le citoyen francophone doive retourner voir le médecin ou un autre professionnel de la santé, doublant ainsi les coûts aux contribuables.

Si les arguments politiques, sociaux et économiques ci-dessus n’ont rien perdu de leur pertinence, six années d’appels à l’aide, de recherches de solutions, de conclusions positives, de dénouements moins heureux, de victoires, de défaites, de rires, de pleurs, permettent aujourd’hui de compléter le justificatif par une dimension éminemment humaine.

Car définir les besoins et attentes des Ontariens francophones à l’égard de leur gouvernement en d’aseptiques entretiens verbaux est outrancièrement réducteur.

Tout d’abord, c’est ne pas comprendre qu’aussi anodin que puisse paraître un écart à la prestation de services en français — absence d’accueil en français à un comptoir de ServiceOntario ou affichage unilingue anglais sur une route de responsabilité provinciale —, chacun de ces écarts étouffe petit à petit chez le francophone le sentiment d’appartenance à une culture dont l’histoire est pourtant intimement liée à la sienne.

C’est aussi ne pas comprendre que, pour le francophone de l’Ontario, le français est souvent sa langue maternelle, sa langue d’usage courant, la langue dans laquelle il sait parfaitement nuancer sa pensée, la langue qui reflète et intègre son « moi » individuel, culturel et social. À Kapus-kasing, à Welland, à Casselman, à Brampton, tous les jours des francophones de tous âges vivent en français, avec tout ce que cela implique : ils fréquentent l’école; ils s’orientent après être arrivés d’un autre pays; ils achètent et vendent des propriétés; ils tombent malades; ils sont en quête de justice; ils ont ou adoptent des enfants; ils perdent pied; ils votent; ils conduisent; ils composent avec un handicap; ils recyclent; ils vieillissent.

Et dans toutes ces facettes de leur vie, comme dans d’innombrables autres, le gouvernement et ses agents sont appelés à intervenir, et ce, évidemment, dans le respect des lois et règlements applicables. Or, quand l’esprit et la lettre de la Loi sur les services en français ne semblent pas être respectés, c’est au Commissariat aux services en français d’intervenir et, à l’instar de la nature des services gouvernementaux, la nature des interventions du Commissariat est très variée. Ces interventions ont toutefois en commun qu’elles contribuent toutes, à un degré ou à un autre, à l’amélioration sensible de la vie des francophones de l’Ontario, de son levant à son couchant. Par conséquent, elles ont aussi en commun qu’elles contribuent à l’amélioration sensible du mieux-être politique, social et économique de la société ontarienne d’aujourd’hui et de demain.

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