Rapport annuel 2012-2013

Une nouvelle approche

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Chapitre 1

Un cheminement organisationnel

1.1.2.2 Les alliés naturels des Franco-Ontariens

Tel que le démontrent les données du Recensement de 2011, la francophonie ontarienne s’enrichit continuellement de par un nombre grandissant de nouveaux arrivants francophones et de couples exogames, si bien qu’il est aujourd’hui devenu pratiquement impossible de tracer une ligne droite entre qui est « francophone » et qui est « francophile ». La plupart du temps, les francophones et les francophiles sont en fait les mêmes personnes, culturellement entrelacées.

Dans le cadre du présent rapport, un francophile désigne toute personne « qui s’intéresse au français et aux communautés francophones au Canada. Il est fréquent que les francophiles ou leurs enfants aient appris le français et apprécient les produits culturels en français. »6

Les francophones et les francophiles ont ainsi plus que jamais avantage à travailler ensemble plutôt qu’en silos. Malheureusement, là où un fossé se creuse entre eux est souvent dans la méconnaissance de la réalité des francophiles par les francophones, notamment à l’égard des programmes scolaires de français langue seconde (FLS), ainsi que dans la méconnaissance de la réalité des francophones par les francophiles.

Il va sans dire que les francophiles, tout comme les francophones, se butent à un problème de rétention des élèves qui, dans leur cas aussi, se manifeste surtout au cours du secondaire. Pour les francophiles, l’existence d’un continuum d’études postsecondaires en langue française devient ainsi tout aussi importante que chez les francophones, ne serait-ce que pour donner la chance à leurs élèves de réellement disposer d’options lorsqu’ils parviennent à la fin de leur programme de FLS.

Dans ces circonstances, avec près d’un million d’élèves qui apprennent le FLS à l’école en Ontario et plus de 155 000 d’entre eux qui sont inscrits dans un programme d’immersion française,7 les institutions franco-ontariennes à vocation éducative doivent impérativement faire des francophiles leurs partenaires. De fait, en 2012-2013, Canadian Parents for French (Ontario), la division provinciale d’un réseau national voué à la création et à la promotion d’occasions menant les jeunes Canadiens et Ontariens à apprendre le FLS, a enchaîné la signature de protocoles d’ententes avec le Collège Boréal et le Groupe Média TFO. À ces initiatives s’ajoute aussi la signature d’un protocole d’entente entre le réseau national de Canadian Parents for French et La Cité collégiale. Le commissaire se réjouit de ces pistes d’avenir prometteuses.

Photo 1 (CPF Ontario et Collège Boréal)

Mary Cruden, présidente de Canadian Parents for French (Ontario) et Denis Hubert-Dutrisac, président du Collège Boréal.

Photo 2 (CPF Ontario et TFO)

Mary Cruden, présidente de Canadian Parents for French (Ontario), a signé un protocole d’entente avec le Groupe Média TFO le 21 octobre 2012.

Photo 3 (CPF et La Cité collégiale)

Jordan Wright, vice-président de Canadian Parents for French, et Lise Bourgeois, présidente de La Cité collégiale.

Ceci dit, on observe un obstacle persistant que le commissaire a déjà souligné dans son rapport Pas d’avenir sans accès8. Il s’agit des données relatives au cheminement scolaire des élèves en immersion, de ceux qui sont membres d’une famille exogame, ainsi que des allophones et des francophiles, qui ne sont pas quantifiées par le gouvernement de l’Ontario, ce qui fait en sorte qu’il est difficile de déterminer dans quelle mesure ces élèves poursuivent une éducation postsecondaire en français.

Les francophiles de l’Ontario doivent par ailleurs confronter un éventail d’autres défis durant leur parcours scolaire. Pour n’en citer que quelques-uns, les parents peuvent être confus devant les différences qui se présentent entre les programmes de français langue seconde (programme de base de français, programme intensif de français et programme d’immersion en français) ainsi que dans la compréhension des distinctions entre ces programmes optionnels; les conseils scolaires ne financent pas toujours suffisamment ces programmes en fonction de la demande croissante (bien que tous les conseils scolaires de langue anglaise reçoivent du financement en vertu des Subventions pour les besoins des élèves et qu’ils offrent tous des programmes de FLS)9; et les francophiles sont occasionnellement perçus comme des groupes d’intérêts spéciaux. Certains conseils scolaires peuvent aussi choisir de fixer un nombre minimum d’élèves devant être inscrits aux programmes de FLS optionnels qui pourrait s’avérer difficile à atteindre dans certaines localités.

La politique actuelle du ministère de l’Éducation exige que chaque élève de l’élémentaire accumule au moins 600 heures d’instruction de FLS d’ici la fin de la 8e année. Les conseils scolaires sont tenus de planifier leurs programmes de FLS de façon à ce que les élèves répondent à cette exigence. En plus du programme de base de français, les conseils scolaires ont la possibilité d’offrir un programme intensif de français et un programme d’immersion en français. Ces programmes sont financés à des montants plus élevés de dépenses par élève que les programmes de base de français. S’il advient qu’un programme intensif de français ou un programme d’immersion en français devienne « trop » populaire dans une région, les élèves peuvent être soumis à des mesures restrictives se traduisant par l’instauration de quotas d’admissions, de loteries, ou encore d’une réduction du nombre d’heures passées à apprendre le français.

C’est donc dire que les francophiles rencontrent un double défi, soit, d’une part, celui d’être reconnus comme des partenaires des communautés francophones, puis, d’autre part, celui de se tailler la place qui leur revient au sein de la société majoritaire. Cette situation doit être particulièrement éprouvante en Ontario étant donné que la province se classe au 9e rang parmi les 13 provinces et territoires canadiens pour ce qui est du taux de participation des élèves dans un programme d’immersion en français.10

Même si les conseils scolaires de langue française ont des directives sur l’admission des enfants de parents qui ne sont pas des ayants droit, dans les faits, le programme de FLS consiste en la seule option envisageable pour bien des familles francophiles dont les enfants ne sont pas des ayants droit, et qui aspirent malgré tout à ce que ces derniers puissent participer au rayonnement de la francophonie en Ontario. Pour ce faire, ces familles et les organismes qui les représentent doivent à tout le moins pouvoir compter sur le caractère inclusif et l’ouverture des communautés francophones.

C’est dans cet esprit que le commissaire a rencontré à plusieurs reprises les organismes membres du Réseau français langue seconde, dont entre autres Le français pour l’avenir et Canadian Parents for French. Le commissaire invite les Franco-Ontariens à faire de même en sortant de leur traditionnelle zone de confort et en travaillant de concert avec leurs alliés naturels. Après tout, l’avenir de l’Ontario français doit s’orienter vers le succès, car l’échec ne saurait être abordé. Dans le monde d’aujourd’hui, où le règne des identités multiples ne doit plus faire peur, les francophones et les francophiles sont tenus de travailler ensemble afin d’assurer la pérennité de la langue française dans la province.

6Pour plus de détails : http://www.ocol-clo.gc.ca/html/speeches_discours_18042001_f.php (page consultée en mai 2013).

7Données du Système d’information scolaire de l’Ontario (SISOn), 2010-2011. Disponible en ligne : http://on.cpf.ca/wp-content/blogs.dir/1/files/Tab-3-Enrolment-in-FSL-by-grade.-type-school-language-2010-11.pdf (page consultée en mai 2013).

8Commissariat aux services en français, L’état de l’éducation postsecondaire en langue française dans le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario : Pas d’avenir sans accès, Rapport d’enquête, Toronto, 2012.

9Anthony Morgan, « How French Immersion Got Me Out of the ‘Hood », The Huffington Post, le 6 février 2013.

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