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François Boileau
Commissaire aux services en français
Dans mon rapport annuel 2013-2014, j’ai salué le projet ambitieux du gouvernement de produire simultanément le catalogue des données ouvertes en français et en anglais. Depuis lors, une ébauche de directive régissant les données ouvertes a été publiée en ligne, ainsi que des mises à jour sur le processus de consultation, lequel s’est terminé en juillet dernier.
Cette directive, qui s’appliquera aux ministères de l’Ontario et aux organismes provinciaux, est assujettie à toutes les lois qui s’appliquent, notamment la Loi sur les archives publiques et la conservation des documents, la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée et la Loi sur les services en français.
L’ébauche de la directive, publiée tout au long du processus de consultation sur le site Gouvernement ouvert, indiquait que les données ouvertes doivent être publiées dans le catalogue des données ouvertes de l’Ontario dans la langue dans laquelle elles ont été recueillies. Cet énoncé a attiré mon attention, car il semblait déresponsabiliser le gouvernement à l’égard de la nécessité de fournir de l’information pertinente en français. Cela dit, la directive précisait en outre que le titre de l’ensemble des données, la description et tous les renseignements connexes doivent être disponibles simultanément en anglais et en français. Le site Web du catalogue des données ouvertes est disponible en anglais et en français. Cependant, poussé par la curiosité, après seulement cinq minutes de navigation dans le catalogue des données ouvertes, le premier document trouvé, sur les normes communes de service de la fonction publique de l’Ontario 2013-2014, était disponible uniquement en anglais. Dans le deuxième document, un simple tableau sur les effectifs des collèges et les inscriptions par établissement de 1996-1997 à 2011-2012, aucune des trois colonnes du tableau ‒ exercice financier, nom du collège et effectif ‒ n’était traduite ni ne l’était l’onglet ou le titre du document.
L’attention de la communauté francophone est actuellement centrée sur la nécessité d’un accès accru à l’éducation postsecondaire en français, et ces données pourraient intéresser la population étudiante, les chercheurs ainsi que les éducateurs, qui devraient tous avoir un accès équitable en français aux applications technologiques novatrices, comme ce catalogue de données.
Bien que je reconnaisse que le catalogue des données ouvertes est un travail en cours de réalisation, j’ose espérer que, à la suite de l’examen et de l’évaluation par le gouvernement des commentaires reçus au cours du processus de consultation, une politique et une procédure seront mises au point afin de veiller à la conformité à la directive et à la Loi sur les services en français, permettant ainsi d’améliorer l’accès du public à l’initiative du gouvernement de l’Ontario, qui a pour objectif la publication proactive des données, afin de devenir un gouvernement plus ouvert et plus transparent.
Voilà bien longtemps que j’avais écrit sur mon blogue. Avec la quantité de travail et la perte d’un agent des communications et des relations publiques, disons que malheureusement, le blogue accumule du retard. Question de reprendre les activités du blogue en douceur, je vous propose de revenir en arrière quelque peu avec un texte de mon collègue Yves-Gérard Méhou-Loko sur la journée du 25 septembre. Un très beau texte touchant et inspirant. Je lui laisse la parole.
Le matin du 25 septembre dernier, ma petite famille et moi sommes pressés. Papa doit se rendre au travail, maman est exténuée des nuits courtes infligées par le petit dernier de 9 semaines. Mais ce matin, nous devons nous rendre à une consultation médicale pour le petit bonhomme. Le plus vieux est tout excité, heureux d’avoir maman et papa à la maison ce matin.
Direction le centre-ville de Toronto, en passant par la 401 puis le Don Valley Parkway. Je ne m’épancherais pas sur mes états d’âme concernant la circulation automobile dans la région torontoise… (Les journées se suivent, mais ne ressemblent pas. Bref, y a pas deux matins pareils…)
Après avoir pestiférer contre des chauffeurs de camion, des conducteurs qui roulent tellement près de ta voiture qu’ils donnent l’impression d’essayer de lire les instructions de lavage sur l’étiquette du col de ta chemise, nous voici devant une infirmière qui nous fait de grands sourires et nous dit combien les enfants sont beaux et sages (si seulement elle avait vu le petit dernier à 2 h 28 cette nuit). Et voici le docteur. Cheveux gris (il paraît qu’il faut dire poivre et sel pour ne pas froisser certaines personnes), le regard vif et le look du triathlète citadin du 21e siècle qui court les marathons de la rue Yonge pour toutes les causes.
– « Hello, bonjour, mais qu’est-ce qui se passe avec le petit aujourd’hui ? » nous lance-t-il dans un français parfait.
Hello, bonjour ! J’ai l’impression d’entendre ma collègue Alison Stewart démontrer son offre active! Mais comment ce médecin a-t-il fait pour savoir que nous étions francophones?! Notre teint «basané» trahit-il notre identité linguistique ? Peut-être est-ce encore ma prononciation de «the» ?. Ayant grandi en France, je suis comme tous ces Français qui massacrent allègrement le «the» comme certains assassinent le «r» quand ils parlent français. En fait, le Dr Martry, a tout simplement reconnu l’épinglette représentant le drapeau franco-ontarien sur mon veston.
Cette histoire, de primes abords banals, représente pour moi une vraie victoire. Durant les jeux panaméricains de Toronto, alors que j’étais présent au kiosque du Commissariat aux services en français, à plusieurs reprises j’ai constaté que plusieurs personnes ne connaissaient pas le drapeau franco-ontarien. Ainsi, lorsque je présentais une épinglette à un passant, plusieurs étaient mystifiés par le trillium et la fleur de lys. Souvent, on m’a dit qu’il s’agissait de la représentation de l’amitié entre le Québec et l’Ontario, ou d’un syndicat quelconque. Et pourtant, devant le Dr Martry, mon fils de 3 ans allait me donner la plus belle explication ce que représentait ce drapeau. Alors que docteur (athlète/francophile) et moi (francophone/fier papa) étions en pleine discussion, le petit bonhomme a fait ce qu’il fait si souvent, il a interrompu la conversation.
– « Papa, papa… ça, c’est mon drapeau. On a chanté ça à l’école. »
En fait il a bien raison. C’est son drapeau; son identité culturelle de petit franco-ontarien peu importe les origines de ses parents. C’est surtout le drapeau qui porte très haut ses aspirations et celles de plusieurs générations.
Permettez de conclure, sur une petite citation de Paul Claudel : « Il n’y a que deux choses à faire avec un drapeau : ou le brandir à bout de bras ou le serrer avec passion contre son cœur. »
Je peux vous en assurer, des enjeux, depuis ma nomination en 2007, il n’en manque pas. Mais peu ont eu un impact aussi important sur moi que cette enquête concernant la gouvernance du Centre Jules-Léger. Ce centre se spécialise dans l’apprentissage pour les élèves francophones sourds, malentendants, aveugles, ayant une basse vision, puis sourds et aveugles, ou en grave difficulté d’apprentissage. Ces élèves se trouvent donc, d’une certaine façon, doublement minoritaires. Tous cherchent à être entendus et compris, à apprendre en toute sécurité, à ne pas être stigmatisés. Tous cherchent aussi à développer un sentiment d’appartenance à une communauté.
Je ne m’en cacherai pas, j’ai été profondément touché par nos rencontres d’élèves, de parents, d’éducateurs, d’administrateurs et de membres d’organismes sans but lucratif, souvent d’anciens élèves du Centre Jules-Léger. Je suis conscient aussi que plusieurs seront probablement déçus des conclusions de cette enquête. Mais je serai clair; notre objectif n’était pas de plaire à tout le monde, mais de répondre à la question posée concernant la gouvernance du Centre Jules-Léger.
Cette question est légitime…Pourquoi est-ce que le Centre n’est pas géré de façon autonome, c’est-à-dire par et pour les francophones? Pourquoi est-ce que le modèle de gouvernance actuel relève du ministère de l’Éducation? Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de conseil d’administration qui puisse mener la barque de façon autonome et indépendante comme la plupart de nos institutions francophones en Ontario?
Je conclus donc au terme de notre enquête que le modèle de gouvernance du Centre Jules-Léger viole l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés et porte atteinte à l’intégrité et à la mission du Centre. La structure actuelle de gouvernance ne tient pas la route. Il faut corriger le tir et instaurer une gouvernance par et pour les francophones avant la rentrée scolaire de 2016.
Je recommande donc à la ministre de l’Éducation de remettre la gouvernance du Centre entre les mains des francophones. Que celui-ci relève d’un conseil scolaire de tutelle. Pour y arriver, je recommande de mettre en place un comité de transition. Ce comité aurait un mandat de septembre à décembre 2015 d’émettre des recommandations à la ministre sur la mise en place d’une nouvelle gouvernance relevant d’un conseil scolaire. Je propose aussi de s’inspirer du modèle du CFORP.
Le but est d’avoir une gouvernance autonome francophone pour la rentrée de 2016. Faut donc agir vite, dans le meilleur intérêt des élèves francophones desservis.
Tous veulent voir le Centre Jules-Léger renaître, redevenir un centre de référence, un modèle pour d’autres. Je ne peux que souhaiter que les conseils scolaires de langue française soient visionnaires et non seulement opérationnels. Je souhaite, comme l’ont exprimé les dirigeants des conseils scolaires, qu’il y ait centralisation décisionnelle, mais accompagnée d’une décentralisation au niveau des services. Je souhaite qu’enfin une gestion responsable et visionnaire soit aussi au cœur de la recherche renouvelée afin de faire de cet endroit un véritable centre d’excellence.
Merci à tous ceux qui ont accepté de prendre part à l’enquête depuis 2014, qui nous ont offert de leurs temps, de leurs idées, et qui ont fait valoir leurs passions inébranlables. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement….et le temps presse.
Tout d’abord, il convient de souligner à quel point les Jeux PanAm 2015 semblent avoir été un succès sur toute la ligne. Mentionnons, comme il le convient, la performance extraordinaire de tous nos athlètes canadiens, de véritables modèles inspirants et remarquables. La population a aussi nettement embarqué dans ce beau projet de société qui nous laissera de beaux legs en termes d’installations sportives, mais aussi en termes de souvenirs et de possibilités pour la région. Dès les débuts de cette aventure, nous avions rencontré les dirigeants de TO2015 ainsi que ceux du gouvernement provincial. Nous savions que le thème principal de ces jeux serait la diversité, atout indéniable de la grande région de la métropole canadienne. Sur cet aspect, mission accomplie. Mais qu’en est-il de la présence du français lors de ces jeux? Avec autant de financement provenant de fonds publics, tant fédéraux que du gouvernement de la province, il était certain que nous nous devions nous assurer que l’organisation respecte ses obligations linguistiques et que les bailleurs de fonds soient pleinement satisfaits.
Nous aurons l’occasion de nous pencher en détail sur le fonctionnement de ces jeux au niveau des langues officielles plus tard. L’objet de ce billet n’est pas d’en faire une analyse détaillée, cela est encore un peu trop tôt, d’autant plus qu’il nous reste encore les Jeux Parapanaméricains en août.
L’objet de ce blogue est plutôt d’encourager les organisateurs à aller de l’avant, car ils sont nettement sur la bonne voie au niveau du respect de leurs obligations linguistiques. Les enseignes et affiches sont, règle générale, parfaitement bilingues. Les annonces officielles lors des compétitions ont été faites en français, espagnol et en anglais, sans exception notoire. Les bénévoles pouvaient nous diriger, la plupart du temps, vers d’autres bilingues afin de nous guider à travers les différents sites. De fait, nous avons noté que sur tous les sites visités, il y avait au moins un bénévole attitré au kiosque d’informations qui pouvait communiquer en français et accompagner, en cas de besoin, quelqu’un auprès de la sécurité. Certes, les bénévoles bilingues auraient pu être encouragés à porter davantage leur bouton « Bonjour » et leur casquette indiquant qu’ils sont bénévoles, en français. Mais bon. Il y aura toujours des petites choses à améliorer et nous espérons que pour la suite des jeux, certains ajustements auront été faits.
Mais pour l’heure, célébrons! Car non seulement TO2015 semble avoir respecté leurs obligations linguistiques (les deux Commissariats n’ont reçu qu’un très faible nombre de plaintes jusqu’à présent), mais ils semblent surtout avoir saisi l’occasion de faire de ces jeux une démonstration éloquente de la vitalité de la communauté franco-ontarienne et de la dualité linguistique. Jamais je n’aurai entendu ou vu autant de spectacles en français dans la grande région de Toronto. Définitivement l’été du français dans la métropole. Avec la Franco-Fête, bénéficiant sans aucun doute des festivités du 400e de la présence française en Ontario ainsi que des Jeux PanAm 2015, la quantité, la diversité et la qualité des spectacles à Dundas Square a été phénoménale, rien de moins. Et de voir tous les liens faits avec Panamania et tous ces artistes évoluant aussi sur d’autres scènes populaires, notamment à Nathan Philips Square, je ne peux dire que bravo aux organisateurs.
Mon collègue fédéral, Graham Fraser, et moi répétons souvent que les bonnes pratiques commencent toujours par le leadership. Personne ne forçait TO2015 à signer un protocole d’entente avec nos deux organisations. Pourtant, c’est ce qu’ils ont fait et cela a donné le ton. Saäd Rafi, le directeur général du Comité d’organisation de Toronto pour les Jeux panaméricains et parapanaméricains de 2015 a donné le ton en apposant sa propre signature sur ce protocole très public. Démonstration d’un engagement qui part du plus haut niveau. Les deux gestionnaires aux langues officielles ont fait un travail exceptionnel. Pamela Coles a gentiment martelé l’importance du français et de l’espagnol auprès des troupes, avec un acharnement hors du commun. Quant à Louise Gauvreau et son équipe, ils ont été formidables. Ils se sont fiés, à juste titre, à un comité consultatif, le Forum francophone, et je pense que l’audacieux pari de tenir non seulement des Jeux, mais des activités culturelles francophones a été réussi magistralement. Bravo!
Parlant de magistral, je garde le meilleur pour la fin. Les deux cérémonies, celle d’ouverture et celle de clôture, ont été impeccables. De voir la Franco-Ontarienne Véronic Dicaire chanter l’hymne national, de savoir que le réalisateur des acrobaties aériennes du Cirque du Soleil est aussi franco-ontarien, d’entendre toutes les annonces dans les trois langues officielles des jeux ont été des points forts des cérémonies d’ouverture. De voir aussi la performance de Swing en levée de rideau des cérémonies de clôture a été un très beau coup. Je me permets d’ajouter d’ailleurs qu’à mon humble avis, et sans chauvinisme aucun, ce sont eux qui ont offert les performances les plus enlevantes pour faire danser la foule. Et que dire de la prestation sans faille de Saad Rafi qui a réussi à être exemplaire au cours de ces deux cérémonies! Je peux vous assurer que c’est une chose d’avoir des notes de discours pertinentes et inspirantes, c’en est une autre de pouvoir les livrer. J’en sais quelque chose! Bref, bravo aux organisateurs et à tous les bénévoles qui ont contribué à faire de ces Jeux Pan Am un moment inoubliable!
Lors du dernier congrès de l’AJEFO tenu à Lafayette en Louisiane, l’AJEFO a décerné l’Ordre du mérite à deux candidatures exceptionnelles. La première est Me Laurie Joe, des Services juridiques de l’Ouest d’Ottawa. Il ne fait pas de doute, après avoir entendu tous les commentaires émis à son égard et après avoir suivi quelque peu son parcours, qu’elle est certainement des plus méritantes. Je m’attarderai par contre davantage à l’honorable Albert Roy qui s’est également vu décerné l’Ordre du mérite.
Juge à la retraite, l’honorable Albert Roy, a été avocat à Ottawa, puis il a représenté la circonscription d’Ottawa-Est à l’Assemblée législative de l’Ontario de 1971 à 1984 ayant remporté pas moins de quatre élections provinciales consécutives. Il faut quand même le faire! C’est Me Ronald Caza qui a présenté le juge Roy lors de la soirée de remise de l’Ordre du mérite. Il a dit du récipiendaire qu’il était pratique, persévérant et sympathique. Pratique puisque l’honorable Albert Roy, comme juge et d’abord comme avocat, faisait toujours passer l’intérêt de la cause, de ses clients avant son égo, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas si évident que cela. Persévérant puisque lorsque l’on est un pionnier comme l’avocat Roy l’a été, ayant été reçu membre du Barreau du Haut-Canada en 1965, il n’y a pas à dire, tout était à faire, en français. Comme il l’a raconté lui-même, on pouvait se retrouver avec des clients francophones, des procureurs francophones devant un juge francophone, le tout à Ottawa, toute la procédure se déroulait néanmoins qu’en anglais… Il a fallu être persévérant en effet pour s’assurer que ce que l’on prend un peu trop pour acquis aujourd’hui, n’existait tout simplement pas à l’époque. Enfin, Me Caza l’a décrit comme étant sympathique et, sur la foi d’une seule soirée, je peux aisément corroborer. Et bien davantage!
Saviez-vous que notre salle de conférence au Commissariat se nomme la salle Albert Roy? Lorsque je suis arrivé en poste et que j’ai démarré mon bureau, je souhaitais que l’on fasse un petit clin d’œil à cet homme visionnaire à qui l’on doit tant. Car en effet, si Dr Bernard Grandmaître est connu comme le père de la Loi 8 (la Loi sur les services en français), il n’y a pas de doute, l’honorable Albert Roy en est certainement le grand-père.
En 1978, alors député, Albert Roy a déposé un projet de loi privé assurant les services en français. Ce projet de loi fut rejeté en troisième lecture à l’Assemblée législative. Preuve du contexte de l’époque, le premier ministre Bill Davis avait expliqué sa décision en affirmant : « Les intérêts des Franco-Ontariens sont mieux protégés par une politique d’accroissement graduel des services que par une déclaration symbolique de bilinguisme qui créerait de l’amertume». Ah, la fameuse politique des petits pas de l’Ontario français !
Qu’importe, l’honorable Albert Roy, qui est toujours actif agit comme médiateur, aura fait faire de grands pas vers l’avant à toute la francophonie ontarienne. Je suis très fier qu’il soit récipiendaire de l’Ordre du mérite de l’AJEFO.
Une nouvelle venue dans la liste, ça se souligne, immanquablement. Ainsi, depuis le 30 juin, Markham est devenue la 26e région désignée en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario. Cet acquis indéniable, reflet du désir de toute une communauté, est finalement devenu réalité avec l’annonce de l’Office des Affaires francophones. Qu’est-ce que tout ça signifie, concrètement, pour les francophones de cette municipalité, située au nord-est de Toronto?
À partir du 1er juillet 2018, tous les ministères et agences gouvernementales auront l’obligation, à Markham, d’offrir des services en français équivalents à ceux offerts en anglais. Des services disponibles, et de qualité, dans une ville de plus de 300 000 habitants. Il ne s’agit pas d’une mince victoire. De façon implicite, une désignation officielle permet de briser l’isolement et de constituer un réseau, un cercle sous forme de lien, de comprendre que d’autres francophones ont souhaité, dans cette même région, eux aussi obtenir leurs services en français. Et donc, on se sent moins seul…
Tout vient à point à qui sait attendre. Et, entre-temps, à qui sait travailler d’arrache-pied. Il faut en profiter pour saluer ici le travail de longue haleine accompli par des citoyens et les organismes francophones de la région. Depuis le début des années 2010, l’Association des francophones de la région de York, l’AFRY, multiplie les pourparlers, les rencontres et les consultations afin de faire en sorte qu’un désir de services en français dans une région soit scellé et voit le jour à travers une désignation. Forte et d’une vision pour l’avenir, l’AFRY, depuis ses quartiers généraux à Aurora, a su mobiliser les francophones de la région de York. Et c’est exactement le sens de la démarche recommandée dans le rapport annuel du Commissariat aux services en français 2011-2012 intitulé Droit devant. Le rapport considère la notion de soutien comme nouveau critère d’approbation de désignation. Ce soutien, cet engagement, peut venir revêtir des formes différentes et variées. On envoie des lettres, on rencontre des élus et, un beau jour, on obtient un service en français, dans sa langue natale. Ce n’est pas qu’une belle histoire…
Prochain arrêt : Oshawa
Voici maintenant le portrait d’une autre municipalité, située, cette fois-ci, à l’est de Toronto. On peut s’y rendre par l’autoroute 401, ou encore par le train Go, bercé par le doux roulement des rails et, à travers la vitre, par les vagues du lac Ontario. Prochain arrêt : Oshawa.
Dans cette ville de plus de 140 000 habitants, les membres de la communauté francophone travaillent d’arrache-pied pour faire en sorte qu’Oshawa devienne région désignée. Le Comité de désignation de l’ACFO-Durham-Peterborough multiplie les efforts, les pourparlers, les rencontres avec les différents paliers de gouvernement pour faire avancer le dossier. Le Comité a renoncé à une désignation officielle de la région de Durham pour concentrer ses efforts sur Oshawa. Tout comme Markham, Oshawa accueille une population francophone grandissante.
Après les consultations publiques sur la désignation d’Oshawa qui se sont terminées le 25 mai dernier, le dossier est désormais entre les mains de l’Office des affaires francophones. Alors la question qui brûle les lèvres : à quand une désignation d’Oshawa? La journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre, serait, pour le gouvernement, une formidable opportunité d’annoncer, une nouvelle désignation d’Oshawa et l’occasion rêvée de paver la route à une liste composée de 27 régions désignées. Deux municipalités : Markham, Oshawa. Deux mêmes défis, un même destin? Dans les deux villes, on retrouve une forte population multiculturelle, garante de vitalité, composée de nouveaux-arrivants francophones, à une heure où le visage de la province change et se diversifie. C’est aussi cela le sens d’une francophonie plurielle et, en soi, une opportunité pour le gouvernement de démontrer qu’il est à l’écoute de sa population, peu importe la municipalité d’origine.
En somme, le gouvernement a tout de même manqué une belle occasion. On comprend mal pourquoi Oshawa n’est pas encore désignée…on ne peut que souhaiter que la prochaine occasion sera la bonne.