Blogue du commissaire

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Ce lieu se veut d’abord un espace d’échanges, d’interactions et de discussions. Nous encourageons donc le partage d’arguments et de points de vue divergents, sans toutefois qu’une forme d’échange privé s’installe entre deux participants. Veuillez prendre connaissance des conditions d’utilisation avant de participer au blogue.

François Boileau
Commissaire aux services en français

Suivi au rapport: Aider les plus vulnérables quand ils en ont le plus besoin

Ce billet fait partie d’une série sur le suivi au rapport annuel que le commissaire publie pour souligner certaines des parties qui demeurent d’actualités. Nous aurons l’occasion, au cours de l’automne d’ajouter davantage d’informations à la version interactive du rapport disponible ici.

Dans mon rapport annuel 2011-2012 Droits devant, j’ai commenté le sujet de la situation déplorable des francophones vivant avec le VIH/sida, suivi d’un article dans mon blogue à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, en 2012, et d’une mise à jour sur le sujet dans mon rapport annuel 2012-2013 Une nouvelle approche, où je soulignais quelques-unes des mesures positives mises en place dans ce secteur hautement spécialisé et très important des soins de santé.

Les personnes qui vivent avec le VIH/sida luttent réellement pour leur vie, et elles doivent partager et comprendre des renseignements complexes et délicats, alors qu’elles sont malades. Elles doivent être en mesure de décrire leur état, leurs symptômes et les effets secondaires sur le plan physique et mental. Ces personnes doivent recevoir et comprendre des conseils essentiels en ce qui concerne le mode de vie, les conséquences juridiques et en matière de santé relativement à certaines pratiques, la façon d’obtenir du soutien à long terme et de l’aide d’urgence, et la manière de prendre les médicaments. Il ne s’agit pas d’un exploit facile à réaliser même dans sa langue maternelle, mais la gymnastique intellectuelle requise par les francophones vivant avec le VIH/sida rend leur position peu enviable encore plus difficile.

Les francophones qui doivent composer avec cette maladie limitant l’espérance de vie qu’est le VIH/sida sont souvent confrontés à des choix de soins dans un établissement de soins spécialisés qui se concentre sur le VIH/sida (en anglais), ou à la prise en charge dans un établissement qui s’adresse au public francophone en général, perdant ainsi toutes les sensibilités culturelles que représente cette maladie.

Le Commissariat continue de recevoir des plaintes de la part de membres de cette communauté vulnérable, laquelle constitue une minorité au sein d’une minorité. Étant donné qu’il s’agit d’un domaine dont la nature est si délicate, et qui touche à plusieurs populations vulnérables (LGBT, immigrants, femmes, jeunes, personnes vivant avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie), le Commissariat verra à poursuivre sa démarche là où s’est terminé son rapport annuel 2011-2012, à la recherche d’une stratégie du ministère qui permettra d’intégrer pleinement les services en français pour toutes les personnes qui vivent avec le VIH/sida  tout au long de leur parcours médical.

Pour obtenir une vue en profondeur du contexte actuel des francophones vivant avec le VIH/sida, je me pencherais sur le lancement d’une enquête approfondie à l’échelle provinciale en vue de formuler à l’intention du ministère de la Santé et des Soins de longue durée des recommandations étudiées et bien documentées dans le but d’améliorer la qualité de vie de ces francophones de tous les horizons.
Je vous invite aussi à consulter ces résumés infographiques qui illustrent quelles populations sont principalement touchées par le VIH à travers le pays, et comment la situation diffère dans chaque région, notamment en Ontario.

Bernard Grandmaître décoré de l’Ordre du Canada

Je tiens à féliciter chaleureusement Bernard Grandmaître, qui a reçu l’Ordre du Canada la semaine dernière, distinction honorifique qui reconnaît des réalisations exceptionnelles. Monsieur Grandmaître a dévoué sa vie à la fonction publique, notamment comme ministre délégué aux Affaires francophones où on lui a donné le titre de « père de la Loi sur les services en français ». C’est grâce à cette loi, dont je surveille l’application par le biais de mon pouvoir d’enquête, que les francophones de l’Ontario  ont le droit d’obtenir des services gouvernementaux dans leur langue maternelle.

En effet, l’adoption de la Loi, en 1986, constitue le résultat de longues luttes menées par la communauté de langue française de l’Ontario pour la reconnaissance de ses droits. Cette avancée historique a contribué à assurer la pérennité du patrimoine culturel de la population francophone, à assurer sa sauvegarde pour les générations à venir et à promouvoir la vitalité de cette communauté minoritaire en Ontario.  Je suis honoré de poursuivre cette mission afin que la population reçoive, en français, des services de qualité du gouvernement de l’Ontario.

Le défi d’immigrer en milieu minoritaire

Cette semaine j’ai beaucoup parlé d’immigration francophone. Tout d’abord avec le dépôt avec mon homologue fédéral d’un rapport conjoint qui souligne l’importance pour les gouvernements fédéral et provinciaux d’inclure une perspective francophone dans leurs politiques et programmes en immigration.  Ce dossier est de compétence partagée entre le fédéral et les provinces, ce qui veut dire que les différents paliers de gouvernement doivent collaborer ensemble pour faciliter les avancées.

Notre rapport conjoint, intitulé Agir maintenant pour l’avenir des communautés francophones : Pallier le déséquilibre en immigration, dresse un portrait de l’immigration dans les communautés francophones, fait l’état des lieux de la question et présente une analyse nationale ainsi qu’une série de recommandations à l’intention des deux paliers de gouvernement.

Vous savez, le chemin vers l’intégration de ces hommes et de ces femmes avec des parcours et des bagages différents qui choisissent de s’établir au Canada est bien souvent parsemé de défis. Avant même leur arrivée au Canada, plusieurs immigrants francophones sont mal informés de la réalité linguistique du pays, et croient, malheureusement à tort que le Canada est un pays entièrement bilingue.

À leur arrivée, les nouveaux arrivants sont parfois orientés vers des services d’établissements anglophones ou bilingues qui connaissent peu ou mal les communautés et les institutions francophones. On ne peut pas s’attendre à ce que ces gens soient au courant des services disponibles en français ou de la présence d’une communauté dans leur région d’accueil.

Il faut s’assurer qu’avant et dès leur arrivée, ces immigrants puissent savoir qu’ils peuvent non seulement obtenir des services en français auprès des gouvernements fédéral et provincial, mais aussi vivre en français, comme demander à ce que leurs enfants soient éduqués en français et obtenir de l’aide communautaire en français.

C’est pourquoi nous recommandons au gouvernement fédéral que les nouveaux arrivants d’expression française soient informés de la présence de communautés francophones d’accueil et de la disponibilité de programmes et de services en français auxquels ils ont droit avant leur départ et à leur arrivée au Canada.

Dans ce rapport nous avons élaboré 8 recommandations, principalement au gouvernement fédéral, mais aussi au gouvernement de l’Ontario. Ces recommandations traitent de l’accompagnement des immigrants d’expression française par les institutions et les organismes francophones, d’information et de ressources à l’intention des nouveaux arrivants d’expression française, de collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, de reddition de comptes, et d’incitatifs à l’intention des employeurs pour le recrutement et la sélection de travailleurs francophones et bilingues.

Puis, le lendemain,  j’ai participé à un panel avec mon confrère d’Ottawa et ma consoeur du Nouveau-Brunswick faisant un tour d’horizon des enjeux de l’immigration dans les communautés de langue officielle vivant en situation minoritaire organisé par le Programme d’appui aux droits linguistiques (PADL).  À cette conférence, j’ai exposé l’importance de l’immigration pour les communautés francophones. En effet, compte tenu de la baisse de la natalité et d’un taux accru du vieillissement de la population, le Canada se trouve depuis un certain temps en situation de baisse démographique.

Car, pour leur part, les communautés francophones sont non seulement affectées par la même situation, mais sont aussi touchées par des questions de transferts linguistiques et de transmission intergénérationnelle de la langue vers l’anglais.

J’ai expliqué qu’on a aussi besoin de l’immigration pour assurer la pérennité des services en français, par exemple :on aura besoin de plus d’infirmières et infirmiers pour s’occuper de notre population vieillissante, ou encore d’éducatrices et d’éducateurs pour la petite enfance, ou de professeurs de français et tant d’autres matières.

Voilà pourquoi la question de l’immigration dans les communautés francophones en situation minoritaire est si importante. Comme je l’ai mentionné dans mon dernier rapport annuel, le dossier de l’immigration est un enjeu prioritaire sur lequel mon bureau continue de s’impliquer et d’intervenir activement.

La langue française dans le monde 2014: étude de l’OIF

L’Observatoire de la langue française de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) vient de publier une nouvelle étude intitulée : La langue française dans le monde 2014. Cette nouvelle compilation a pour principal objectif de fournir aux chercheurs, spécialistes de la langue et grand public, des données fiables sur la situation de la langue française dans plusieurs domaines. On y dresse le portrait des francophones et francophiles dans le monde et du français comme langue de communication internationale et des affaires.

Selon cette étude, nous serons 767 millions de francophones en 2060. On y note également quelques autres faits intéressants, notamment :

• Le français est aujourd’hui la 5e langue la plus parlée au monde avec 274 millions de locuteurs
• Le français est la 2e langue apprise comme langue étrangère après l’anglais
• Le français est la 3e langue des affaires dans le monde
• Le français est la 4e langue d’internet
• Il y a 125 millions d’apprenants du/en français.

Je vous invite à consulter cet ouvrage de référence important ou son résumé qui trace le portrait global de notre langue en pleine croissance. Bonne lecture!

L’AFO et son livre blanc en matière de santé: un document prometteur

Ce blogue vous est présenté par notre blogueuse invitée, Alison Stewart, l’une de mes trois chefs de projets et chargée des liaisons communautaires. Voici son résumé de la rencontre qui a eu lieu à Sudbury à la fin octobre.

Pour quiconque met en doute l’importance de l’affichage bilingue comme partie intégrante de l’offre active, Sudbury est un modèle de succès d’un tel concept. En 2001, la Ville du Grand Sudbury a adopté une politique sur les services en français, donnant à la population citoyenne de Sudbury le choix de communiquer en français ou en anglais avec la municipalité. Près de 30 % de la population étant composée de francophones, il est avantageux pour les entreprises de se faire connaître dans les deux langues. Partout, des rappels visuels nous indiquent que nous avons le choix d’amorcer une conversation en disant « Bonjour, Hello », salutations auxquelles on nous répondra en français « Comment puis-je vous aider? » ou en anglais « Je suis désolé, je ne parle pas français, mais comment puis-je vous aider? »

La conférence annuelle de l’AFO a débuté par un débat invitant les membres de la table ronde à se pencher sur la question à savoir s’il est toujours nécessaire pour les médias communautaires de joindre la population francophone de l’Ontario. Après quelques mots de la ministre Meilleur, le commissaire Boileau a lancé le débat avec un exposé sur l’importance des médias dans la construction de l’identité des individus et de la communauté francophone. Ce fut un débat intéressant, malgré le fait que les cinq panélistes étaient unanimes sur la question, ce qui fait que le débat s’est avéré plutôt un dynamique échange entre leaders du domaine des médias francophones en Ontario. Les discussions ont permis de rappeler aux participantes et participants les motivations qui les amenaient à être tous présents, disposés à passer deux jours et demi ensoleillés à Sudbury : discuter, entre amis et collègues francophones, des défis, des besoins et des réussites de la communauté francophone.

Mis à part le réseautage social, les ateliers interactifs, le gala tenu le vendredi soir et l’assemblée générale annuelle du samedi matin, l’événement le plus important de la conférence a été le lancement du Livre blanc de l’Assemblée en matière de santé, lequel décrit les assises d’une prestation de soins de santé de qualité en langue française en Ontario. Ce document résume de façon remarquable les principaux enjeux qui touchent les francophones relativement à la santé, et propose des recommandations que connaît bien le Commissariat aux services en français :

  1. Capturer systématiquement l’identité linguistique des Ontariennes et Ontariens, par l’entremise de la carte Santé pour une meilleure identification et une planification accrue;
  2. Collaborer avec les intervenants francophones tout au long de la phase de planification, surtout au début (et la nécessité de définir les rôles, les responsabilités et les obligations des fournisseurs de services);
  3. Protéger les institutions francophones existantes, à commencer par le renouvellement du mandat des six entités de planification;
  4. Tirer parti de l’évolution des changements en matière de prestation des soins de santé en améliorant l’accès des francophones aux soins de santé primaires et communautaires;
  5. Élaborer un plan global de ressources humaines visant à promouvoir l’importance et la nécessité de compter sur une main-d’œuvre bilingue dans le secteur de la santé, sans laquelle l’offre active de services en français ne pourra exister.

Malgré les défis liés au fait de vivre dans un milieu linguistique minoritaire, l’AFO aspire à la réalisation d’un calendrier d’événements diversifiés et passionnants pour 2015, commémorant 400 ans de présence francophone en Ontario. Nous avons tant à célébrer!

Projet pilote sur l’accès à la justice en français

Je me réjouis de l’annonce récente faite par la Procureure générale afin que le gouvernement de l’Ontario mette en œuvre un projet pilote visant à faciliter l’accès aux services en français au palais de justice d’Ottawa.

Cette annonce représente la concrétisation partielle de l’une de mes recommandations énoncées dans mon plus récent rapport annuel « Une institution francophone s’enracine ». Essentiellement, je recommandais à la Procureure générale de mettre en œuvre un projet pilote d’amélioration de l’accès à la justice en français s’articulant sur les recommandations et les intentions du rapport Accès à la justice en français.

J’ai bon espoir que ce projet va donner un véritable élan aux services en français dans le secteur de la justice. En effet, la ministre elle-même a indiqué avoir été surprise lorsqu’elle s’est rendue personnellement au greffe du palais de justice d’Ottawa et a constaté le manque de services en français.

Mais, pour assurer le succès du projet, le gouvernement devra le combiner avec une campagne de promotion pour le faire connaître. C’est donc dire que ce projet devra recevoir le leadership, les ressources et le temps nécessaire pour garantir sa réussite. Ce projet est l’occasion de constater de visu ce à quoi ressemble un système de justice équitable pour les francophones en milieu minoritaire, et, surtout, pour disposer d’une feuille de route pour en faire une réalité.

Un bémol toutefois, j’aurais souhaité que le projet soit circonscrit à une région qui comporterait à la fois des régions désignées par la Loi sur les services en français et des régions non désignées ainsi que des centres urbains et des milieux ruraux. En limitant le projet à la ville d’Ottawa seulement, je garde un doute quant au reflet des résultats sur la diversité de l’accès à la justice en français dans toute la province. Malgré cela, le Commissariat mise beaucoup sur ce projet pilote puisque nous continuons de recevoir des plaintes sur le manque d’accessibilité à la justice en français.

À suivre.