Gretta Chambers, une Canadienne incomparable

Le 9 septembre dernier Gretta Chambers, née Taylor, nous a quittés à l’âge respectable 90 ans. Je ne ferai pas ici l’éloge de son parcours et de sa vie, le Globe & Mail ayant publié un super article fascinant à cet égard. Plutôt, vous me permettrez de mentionner simplement l’anecdote de l’une de nos rencontres. C’était en 2005, je crois, alors que j’étais encore avocat pour le Commissariat fédéral aux langues officielles. J’étais responsable d’une vaste étude où nous abordions toute la question de la modernisation du Règlement sur les langues officielles – communications avec le public et prestation des services. Nous avions fait une tournée de consultation pancanadienne, mais nous avions aussi eu le privilège de rencontrer des personnes dont nous savions que leur opinion serait absolument critique pour notre projet.

Gretta Chambers était une personne absolument incontournable. Non seulement possédait-elle une finesse d’analyse dont peu en sont affublés, elle pouvait aisément comprendre les arguments de chaque côté d’une médaille, offrant une valeur sûre à son opinion éclairée. J’avais eu la chance de la rencontrer chez elle. Elle m’a reçue avec l’élégance digne de réputation extraordinaire. Avec sa sagesse et son expérience, elle aurait facilement pu me dire quoi faire tout simplement, quoi écrire et j’aurais accepté volontiers toutes ses notes. Par contre ce n’était pas son approche. Inquisitrice, curieuse, elle voulait d’abord savoir notre objectif, nos buts et les façons pour y arriver. Tacticienne, elle était en fait beaucoup plus intéressée sur le comment y parvenir que sur le quoi écrire. Visionnaire, elle comprenait fort bien la société canadienne, y compris et surtout la société québécoise, dans toute sa complexité. Comme elle était visiblement amoureuse de son Québec, elle parlait avec l’autorité de quelqu’un qui en a vu d’autres et dont la sagesse ne laissait planer aucun doute. Elle symbolisait l’harmonie entre les deux grandes communautés linguistiques du pays et faisait fi des deux solitudes.

Depuis son départ, je ressens comme un grand vide au pays. À d’autres maintenant de suivre ses traces. Merci Mme Chambers. Le Québec et le Canada sont des sociétés grandement améliorées grâce à votre contribution remarquable. J’ai de la difficulté à nous imaginer sans vous.

Au nom de l’équipe du Commissariat aux services en français, nous tenons à présenter à sa famille, à ses amis ainsi qu’à ses proches, nos plus sincères condoléances.

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