La petite enfance – un palier important en éducation
Il y a déjà quelques années, j’ai discuté de la situation de la petite enfance dans deux billets de blogues (en 2009 et 2010). À la sortie récente du rapport La petite enfance : vecteur de vitalité des communautés francophones en situation minoritaire, j’ai cru approprié de réitérer l’importance de la petite enfance au sein de l’éducation de nos tout-petits.
Mon homologue fédéral, M. Fraser, souligne dans son rapport qu’il n’y a pas de consensus quant à la portée de l’article 23 de la Charte sur l’obligation des instances provinciales et territoriales à offrir des programmes de la petite enfance dans la langue de la minorité. Malgré ce manque de consensus, il est clair que le lien est très important entre l’accès à l’éducation en langue de la minorité en vertu de l’article 23, et l’offre de services à la petite enfance.
Le rapport indique que non seulement les services offerts en français aux jeunes enfants permettent de soutenir l’apprentissage de la langue, mais favorisent également le développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté francophone. En expliquant le portrait et la réalité de la petite enfance en milieu minoritaire francophone, le commissaire rend évident les enjeux qui touchent de très près ce rapport : la transmission de la langue et l’exogamie, le fait que deux paliers de gouvernement soient impliqués et le manque de financement (ce qui touche directement la pénurie de personnel et le manque de formation, le manque d’infrastructures et l’absence de sensibilisation auprès des parents et des fournisseurs de services).
Le commissaire aimerait que son rapport influence le développement de la prochaine Feuille de route pour les langues officielles par Patrimoine canadien, puisque la présente tombe à échéance en 2018.
Qu’est-ce que cela représente pour notre gouvernement ontarien, pour nous francophones et francophiles en Ontario ?
Il est évident que les programmes de la petite enfance financés par le gouvernement provincial jouent un rôle crucial afin de maintenir le lien identitaire à la langue française chez les jeunes enfants, particulièrement les enfants issus de couples exogames.
Il serait alors intéressant pour le gouvernement provincial, et particulièrement pour le ministère des services à l’Enfance et à la Jeunesse, de se pencher sur une politique-cadre permettant de baliser et de financer l’offre de services à la petite enfance en français en Ontario. Idéalement, les deux paliers de gouvernement devraient ouvrir le dialogue et travailler ensemble suite au rapport du commissaire Fraser afin de permettre un service à la petite enfance adéquat et équivalent aux services de la petite enfance offerts dans la langue de la majorité.
Au cours des dernières années, de nombreuses initiatives ont vu le jour : les centres Meilleur départ, l’établissement des centres de la petite enfance (Early Years Centres) et la mise en place de projets pilotes par les conseils scolaires de langue française pour scolariser les jeunes de trois ans. Ces actions, quoique pertinentes, n’ont pas permis l’articulation d’une offre stable et constante de programmes en français dans toutes les régions désignées.
Il est maintenant temps qu’un poids plus grand soit donné par l’Ontario au volet « petite enfance » dans le cadre de la négociation du prochain protocole pour les Langues officielles en Éducation (PLOE).
La province a la chance de devenir première de classe en améliorant les services de la petite enfance et en assurant une continuité plus fluide vers le système d’éducation de langue française. Il faut désormais mettre la main à la pâte, afin d’offrir à nos tout-petits un milieu d’éducation de la plus haute qualité, et cela en français !
Je joins donc ma voix à celle du commissaire aux langues officielles, qui dans la publication de son récent rapport du début du mois d’octobre, demande au gouvernement fédéral de prévoir dans son prochain plan quinquennal pour les langues officielles, des investissements suffisants pour les initiatives touchant la petite enfance en milieu minoritaire.