Papa, c’est mon drapeau
Voilà bien longtemps que j’avais écrit sur mon blogue. Avec la quantité de travail et la perte d’un agent des communications et des relations publiques, disons que malheureusement, le blogue accumule du retard. Question de reprendre les activités du blogue en douceur, je vous propose de revenir en arrière quelque peu avec un texte de mon collègue Yves-Gérard Méhou-Loko sur la journée du 25 septembre. Un très beau texte touchant et inspirant. Je lui laisse la parole.
Le matin du 25 septembre dernier, ma petite famille et moi sommes pressés. Papa doit se rendre au travail, maman est exténuée des nuits courtes infligées par le petit dernier de 9 semaines. Mais ce matin, nous devons nous rendre à une consultation médicale pour le petit bonhomme. Le plus vieux est tout excité, heureux d’avoir maman et papa à la maison ce matin.
Direction le centre-ville de Toronto, en passant par la 401 puis le Don Valley Parkway. Je ne m’épancherais pas sur mes états d’âme concernant la circulation automobile dans la région torontoise… (Les journées se suivent, mais ne ressemblent pas. Bref, y a pas deux matins pareils…)
Après avoir pestiférer contre des chauffeurs de camion, des conducteurs qui roulent tellement près de ta voiture qu’ils donnent l’impression d’essayer de lire les instructions de lavage sur l’étiquette du col de ta chemise, nous voici devant une infirmière qui nous fait de grands sourires et nous dit combien les enfants sont beaux et sages (si seulement elle avait vu le petit dernier à 2 h 28 cette nuit). Et voici le docteur. Cheveux gris (il paraît qu’il faut dire poivre et sel pour ne pas froisser certaines personnes), le regard vif et le look du triathlète citadin du 21e siècle qui court les marathons de la rue Yonge pour toutes les causes.
– « Hello, bonjour, mais qu’est-ce qui se passe avec le petit aujourd’hui ? » nous lance-t-il dans un français parfait.
Hello, bonjour ! J’ai l’impression d’entendre ma collègue Alison Stewart démontrer son offre active! Mais comment ce médecin a-t-il fait pour savoir que nous étions francophones?! Notre teint «basané» trahit-il notre identité linguistique ? Peut-être est-ce encore ma prononciation de «the» ?. Ayant grandi en France, je suis comme tous ces Français qui massacrent allègrement le «the» comme certains assassinent le «r» quand ils parlent français. En fait, le Dr Martry, a tout simplement reconnu l’épinglette représentant le drapeau franco-ontarien sur mon veston.
Cette histoire, de primes abords banals, représente pour moi une vraie victoire. Durant les jeux panaméricains de Toronto, alors que j’étais présent au kiosque du Commissariat aux services en français, à plusieurs reprises j’ai constaté que plusieurs personnes ne connaissaient pas le drapeau franco-ontarien. Ainsi, lorsque je présentais une épinglette à un passant, plusieurs étaient mystifiés par le trillium et la fleur de lys. Souvent, on m’a dit qu’il s’agissait de la représentation de l’amitié entre le Québec et l’Ontario, ou d’un syndicat quelconque. Et pourtant, devant le Dr Martry, mon fils de 3 ans allait me donner la plus belle explication ce que représentait ce drapeau. Alors que docteur (athlète/francophile) et moi (francophone/fier papa) étions en pleine discussion, le petit bonhomme a fait ce qu’il fait si souvent, il a interrompu la conversation.
– « Papa, papa… ça, c’est mon drapeau. On a chanté ça à l’école. »
En fait il a bien raison. C’est son drapeau; son identité culturelle de petit franco-ontarien peu importe les origines de ses parents. C’est surtout le drapeau qui porte très haut ses aspirations et celles de plusieurs générations.
Permettez de conclure, sur une petite citation de Paul Claudel : « Il n’y a que deux choses à faire avec un drapeau : ou le brandir à bout de bras ou le serrer avec passion contre son cœur. »
Un texte magnifique qui donne de l’espoir!