L’honorable Albert Roy
Lors du dernier congrès de l’AJEFO tenu à Lafayette en Louisiane, l’AJEFO a décerné l’Ordre du mérite à deux candidatures exceptionnelles. La première est Me Laurie Joe, des Services juridiques de l’Ouest d’Ottawa. Il ne fait pas de doute, après avoir entendu tous les commentaires émis à son égard et après avoir suivi quelque peu son parcours, qu’elle est certainement des plus méritantes. Je m’attarderai par contre davantage à l’honorable Albert Roy qui s’est également vu décerné l’Ordre du mérite.
Juge à la retraite, l’honorable Albert Roy, a été avocat à Ottawa, puis il a représenté la circonscription d’Ottawa-Est à l’Assemblée législative de l’Ontario de 1971 à 1984 ayant remporté pas moins de quatre élections provinciales consécutives. Il faut quand même le faire! C’est Me Ronald Caza qui a présenté le juge Roy lors de la soirée de remise de l’Ordre du mérite. Il a dit du récipiendaire qu’il était pratique, persévérant et sympathique. Pratique puisque l’honorable Albert Roy, comme juge et d’abord comme avocat, faisait toujours passer l’intérêt de la cause, de ses clients avant son égo, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas si évident que cela. Persévérant puisque lorsque l’on est un pionnier comme l’avocat Roy l’a été, ayant été reçu membre du Barreau du Haut-Canada en 1965, il n’y a pas à dire, tout était à faire, en français. Comme il l’a raconté lui-même, on pouvait se retrouver avec des clients francophones, des procureurs francophones devant un juge francophone, le tout à Ottawa, toute la procédure se déroulait néanmoins qu’en anglais… Il a fallu être persévérant en effet pour s’assurer que ce que l’on prend un peu trop pour acquis aujourd’hui, n’existait tout simplement pas à l’époque. Enfin, Me Caza l’a décrit comme étant sympathique et, sur la foi d’une seule soirée, je peux aisément corroborer. Et bien davantage!
Saviez-vous que notre salle de conférence au Commissariat se nomme la salle Albert Roy? Lorsque je suis arrivé en poste et que j’ai démarré mon bureau, je souhaitais que l’on fasse un petit clin d’œil à cet homme visionnaire à qui l’on doit tant. Car en effet, si Dr Bernard Grandmaître est connu comme le père de la Loi 8 (la Loi sur les services en français), il n’y a pas de doute, l’honorable Albert Roy en est certainement le grand-père.
En 1978, alors député, Albert Roy a déposé un projet de loi privé assurant les services en français. Ce projet de loi fut rejeté en troisième lecture à l’Assemblée législative. Preuve du contexte de l’époque, le premier ministre Bill Davis avait expliqué sa décision en affirmant : « Les intérêts des Franco-Ontariens sont mieux protégés par une politique d’accroissement graduel des services que par une déclaration symbolique de bilinguisme qui créerait de l’amertume». Ah, la fameuse politique des petits pas de l’Ontario français !
Qu’importe, l’honorable Albert Roy, qui est toujours actif agit comme médiateur, aura fait faire de grands pas vers l’avant à toute la francophonie ontarienne. Je suis très fier qu’il soit récipiendaire de l’Ordre du mérite de l’AJEFO.