Le défi d’immigrer en milieu minoritaire
Cette semaine j’ai beaucoup parlé d’immigration francophone. Tout d’abord avec le dépôt avec mon homologue fédéral d’un rapport conjoint qui souligne l’importance pour les gouvernements fédéral et provinciaux d’inclure une perspective francophone dans leurs politiques et programmes en immigration. Ce dossier est de compétence partagée entre le fédéral et les provinces, ce qui veut dire que les différents paliers de gouvernement doivent collaborer ensemble pour faciliter les avancées.
Notre rapport conjoint, intitulé Agir maintenant pour l’avenir des communautés francophones : Pallier le déséquilibre en immigration, dresse un portrait de l’immigration dans les communautés francophones, fait l’état des lieux de la question et présente une analyse nationale ainsi qu’une série de recommandations à l’intention des deux paliers de gouvernement.
Vous savez, le chemin vers l’intégration de ces hommes et de ces femmes avec des parcours et des bagages différents qui choisissent de s’établir au Canada est bien souvent parsemé de défis. Avant même leur arrivée au Canada, plusieurs immigrants francophones sont mal informés de la réalité linguistique du pays, et croient, malheureusement à tort que le Canada est un pays entièrement bilingue.
À leur arrivée, les nouveaux arrivants sont parfois orientés vers des services d’établissements anglophones ou bilingues qui connaissent peu ou mal les communautés et les institutions francophones. On ne peut pas s’attendre à ce que ces gens soient au courant des services disponibles en français ou de la présence d’une communauté dans leur région d’accueil.
Il faut s’assurer qu’avant et dès leur arrivée, ces immigrants puissent savoir qu’ils peuvent non seulement obtenir des services en français auprès des gouvernements fédéral et provincial, mais aussi vivre en français, comme demander à ce que leurs enfants soient éduqués en français et obtenir de l’aide communautaire en français.
C’est pourquoi nous recommandons au gouvernement fédéral que les nouveaux arrivants d’expression française soient informés de la présence de communautés francophones d’accueil et de la disponibilité de programmes et de services en français auxquels ils ont droit avant leur départ et à leur arrivée au Canada.
Dans ce rapport nous avons élaboré 8 recommandations, principalement au gouvernement fédéral, mais aussi au gouvernement de l’Ontario. Ces recommandations traitent de l’accompagnement des immigrants d’expression française par les institutions et les organismes francophones, d’information et de ressources à l’intention des nouveaux arrivants d’expression française, de collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, de reddition de comptes, et d’incitatifs à l’intention des employeurs pour le recrutement et la sélection de travailleurs francophones et bilingues.
Puis, le lendemain, j’ai participé à un panel avec mon confrère d’Ottawa et ma consoeur du Nouveau-Brunswick faisant un tour d’horizon des enjeux de l’immigration dans les communautés de langue officielle vivant en situation minoritaire organisé par le Programme d’appui aux droits linguistiques (PADL). À cette conférence, j’ai exposé l’importance de l’immigration pour les communautés francophones. En effet, compte tenu de la baisse de la natalité et d’un taux accru du vieillissement de la population, le Canada se trouve depuis un certain temps en situation de baisse démographique.
Car, pour leur part, les communautés francophones sont non seulement affectées par la même situation, mais sont aussi touchées par des questions de transferts linguistiques et de transmission intergénérationnelle de la langue vers l’anglais.
J’ai expliqué qu’on a aussi besoin de l’immigration pour assurer la pérennité des services en français, par exemple :on aura besoin de plus d’infirmières et infirmiers pour s’occuper de notre population vieillissante, ou encore d’éducatrices et d’éducateurs pour la petite enfance, ou de professeurs de français et tant d’autres matières.
Voilà pourquoi la question de l’immigration dans les communautés francophones en situation minoritaire est si importante. Comme je l’ai mentionné dans mon dernier rapport annuel, le dossier de l’immigration est un enjeu prioritaire sur lequel mon bureau continue de s’impliquer et d’intervenir activement.