La nécessité de se doter de mécanismes d’imputabilité transparents en matière d’immigration francophone

Dans mon Rapport annuel 2011-2012, je recommandais au ministre des Affaires civiques et de l’Immigration de se doter d’un comité consultatif chargé d’orienter les efforts du ministère dans le dossier de l’immigration francophone en Ontario et de développer, de façon interministérielle et concertée, une stratégie d’accueil, de formation linguistique et d’intégration au marché du travail pour les nouveaux arrivants francophones. Une recommandation qui s’inscrit parfaitement dans la nouvelle priorité du gouvernement de se doter, pour la première fois, d’une stratégie en matière d’immigration assortie d’une cible de 5 % pour les immigrants francophones.

Néanmoins, le ministère a affirmé son intention de ne pas mettre sur pied un comité consultatif francophone distinct pour guider ses efforts en matière d’immigration francophone en Ontario préférant miser davantage sur la création d’un Forum annuel des ministres sur l’immigration qui publiera tous les ans un rapport annuel.

Ainsi, bien que le gouvernement ait indiqué sa volonté de collaborer avec tous les acteurs concernés dans la mise en œuvre de cette stratégie, certaines questions demeurent pour l’heure sans réponses. De fait, il n’est pas encore clairement défini comment le ministère entend impliquer concrètement les intervenants francophones du secteur et prendre en compte les besoins et priorités de la communauté afin de mieux déterminer l’élaboration des programmes et services en matière de sélection, d’accueil, de formation et d’intégration de nouveaux arrivants francophones.

L’intégration, de compétence provinciale, passe souvent, voire toujours, par l’accès au marché du travail pour un nouvel arrivant. Cependant, cet accès est souvent obstrué et jalonné par une série d’exigences propres aux professionnels francophones formés à l’étranger. Ainsi, le Commissariat a reçu plusieurs plaintes émanant de nouveaux arrivants du Québec, mais aussi des pays francophones. Tous dénonçaient le fait que les organismes de réglementation de leur profession n’offraient aucun service en français, mais surtout que tous leurs documents (relevés de notes, diplômes, titres de compétences et diverses attestations) devaient être traduits du français à l’anglais pour que leur dossier soit étudié. Une barrière supplémentaire, donc, pour les professionnels francophones dans le processus d’obtention d’un permis dans leur profession. Cette question n’est, d’ailleurs, pas occultée dans la stratégie gouvernementale en matière d’immigration.

Ainsi, le gouvernement reconnaît l’importance d’intégrer rapidement les immigrants à l’économie de la province dans le cadre de sa stratégie. Pour ce faire, plusieurs pistes de solutions sont avancées dont la mise en place d’un système unifié de prestation de services d’établissement pour permettre aux immigrants de recevoir l’aide dont ils ont besoin. Il est, également, question d’améliorer la reconnaissance de leurs titres de compétence obtenus à l’étranger. Autant d’approches qui vont dans la bonne direction.

Toutefois, il faudrait s’assurer que les spécialistes de la question présents sur le terrain soient impliqués pleinement dès le début de la conception du volet francophone de la stratégie gouvernementale sur l’immigration afin que des programmes et des services modulés et adaptés aux besoins de nouveaux arrivants francophones soient mis sur pieds et offerts.

Enfin, tel que stipulé dans mon Rapport annuel 2012-2013, je considère nécessaire que le ministère se dote de mécanismes d’imputabilité transparents en matière d’immigration francophone afin de rapporter les résultats tangibles atteints en fonction des objectifs fixés dans le cadre du rapport annuel du Forum des ministres sur l’immigration. Je m’engage donc à suivre ce dossier de près.

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