Colloque sur les 40 ans de la Loi sur les langues officielles
Les 12 et 13 mars dernier, j’ai pu assister et participer au colloque portant sur une rétrospective de la Loi sur les langues officielles, qui date déjà de 40 ans. Cette Loi avait vu le jour suite aux travaux de la Commission sur le bilinguisme et le biculturalisme.
En fait, l’un des participants a bien indiqué que le nom même de cette commission serait à l’origine de l’un des grands malentendus de l’histoire canadienne en ce dont la LLO ne parle pas du tout de bilinguisme et ne cherche aucunement à rendre tous les Canadiens bilingues. Sur ce point, l’un des protagonistes de l’époque, le ministre Gérard Pelletier, insistait toujours pour parler plutôt de dualité linguistique, nuance importante!
Ma présentation a plutôt porté sur les « enfants » de la LLO. En effet, on retrouve non seulement une LLO au Nouveau-Brunswick et dans les territoires, mais aussi une Loi sur les services en français en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse. J’ai donc profité de l’occasion pour rappeler qu’une LSF, tout comme la LLO d’ailleurs, doit avoir comme objectif de favoriser la pérennité de la communauté. Car sans communauté vibrante, il est bien difficile de voir la pertinence de conserver une langue, pour un seul bénéfice individuel. Les droits linguistiques n’ont de sens que pris collectivement.
On oublie malheureusement trop souvent que les institutions jouent leur rôle de protection de la communauté lorsqu’ils desservent leur clientèle, même individuellement, dans un français de qualité.
Le prochain colloque organisé par l’Association des études canadiennes devrait se tenir en septembre et portera sur les suites ou l’avenir des langues officielles au Canada. Un débat à ne pas manquer évidemment!
Il n’y a pas tant de confusion, ni d’ailleurs de nuance, entre « bilinguisme », « biculturalisme », « langues officielles » et « dualité linguistique ». Tous ces termes affirment qu’à l’origine et encore aujourd’hui, le Canada est surtout un pays de langues et de cultures françaises et anglaises, et que l’État, fédéral d’abord mais aussi provincial et dans la mesure du possible municipal, doit pouvoir servir ses citoyens aussi bien en français qu’en anglais.
Oui, au sens stricte de la loi, c’est à l’État d’être bilingue… justement pour permettre aux citoyens qui le désirent de rester unilingues ou, au minimum, de vivre dans leur langue maternelle. Mais ça n’empêche pas les citoyens, ni d’ailleurs l’État, notamment à travers le système d’éducation, de promouvoir aussi le bilinguisme et le biculturalisme des individus. Entre autres parce que l’État, c’est aussi des individus: des fonctionnaires et des politiciens qui, au plus hauts niveaux et aux postes les plus symboliques (juges, ambassadeurs, généraux, ministres, etc), doivent être bilingues.
L’esprit de la LLO, voire de la LSF, est donc plus inclusif que la lettre en prônant à la fois le bilinguisme de l’État (une obligation) et le bilinguisme des citoyens (un idéal).
Rappelons aussi que tous ces efforts de francisation du Canada (car l’anglicisation n’a jamais eu besoin d’aide) visaient à remplacer le sentiment d’aliénation des francophones, majoritaires au Québec et pour qui l’indépendance est donc une option, par un sentiment de fierté pour l’ensemble plus large que serait un Canada bilingue. Ce sentiment d’aliénation a reculé mais est loin d’avoir disparu. Ce sentiment de fierté a progressé mais est encore loin d’avoir triomphé.