Sommet des professionnels franco-ontariens de l’Association des sociétés d’aide à l’enfance de l’Ontario
J’ai participé les 19 et 20 février derniers au tout premier Sommet des professionnels franco-ontariens de l’Association des sociétés d’aide à l’enfance de l’Ontario (ASAEO) intitulé Passons à l’action : Ensemble pour servir en français. Ce Sommet a donné l’occasion aux professionnels franco-ontariens du service social de domaines tels que ceux du bien-être de l’enfance, des services de santé mentale pour enfants, et des services pour les personnes ayant une déficience intellectuelle de se rassembler pour faire progresser un plan d’action afin d’améliorer l’accès aux services en français en Ontario. Plus de 21 sociétés d’aide à l’enfance (SAE) parmi les 47 existantes étaient représentées, tantôt par des professionnels, tantôt par des dirigeants.
Les objectifs du Sommet étaient que les professionnels franco-ontariens acquièrent une meilleure compréhension des enjeux concernant la prestation de services en français dans toute la province ; qu’ils discutent des solutions et des stratégies aux niveaux local, régional et provincial ; et qu’ils se créent un plan de travail pour faire avancer les recommandations des participants au Sommet. Bien entendu, l’un des objectifs étaient aussi de créer un réseautage de professionnels et de permettre à certains d’entre eux de se sentir moins seuls et isolés dans leur patelin respectif.
Cela a été l’occasion pour moi d’entre autres revenir sur la cinquième recommandation de mon rapport annuel 2009-2010. J’avais en effet recommandé au ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse « que les sociétés d’aide à l’enfance intègrent l’offre active de services en français dans la prestation de leurs services partout dans la province ; et de créer, de concert avec les sociétés d’aide à l’enfance, un regroupement ou à tout le moins un répertoire de fournisseurs de services en français au bénéfice des Sociétés qui ne sont pas actuellement en mesure d’offrir ces services ».
Dans ce contexte, nous avons discuté de l’importance de créer un environnement qui suscite la demande et anticipe les besoins spécifiques des enfants et des familles francophones. Comme il s’agit d’une population précarisée, il n’est effectivement pas toujours évident pour eux, d’une part, de connaître leurs droits en matière d’accès à des services en français (pensons aux enfants, aux jeunes adolescents en difficulté et aux familles nouvellement arrivées au Canada par exemple), et, d’autre part, d’exiger de se faire servir en français en situation de vulnérabilité. Il s’agit aussi parfois de situations fort complexes qui méritent toute l’attention des professionnels des sociétés d’aide à l’enfance.
Je félicite l’ASAEO d’avoir organisé un tel Sommet. Il faut dire que plusieurs autres initiatives ont déjà été prises par l’ASAEO dans le passé en matière de prestation de services en français, notamment la création d’un groupe consultatif sur les services en français. Quoiqu’il en soit, plus il y a de professionnels qui réalisent l’importance de l’offre active des services en français aux enfants et aux familles qui ont recours à leur appui en situation difficile, plus ces enfants et ces familles obtiennent des outils qui les aident à surmonter leurs défis afin d’obtenir une vie meilleure. Je remercie l’ASAEO de m’avoir invité à ce remarquable Sommet et j’anticipe avec plaisir d’être mis au courant des suites et retombées de cette rencontre.
Enfin, je termine en mentionnant l’un des engagements que j’ai pris au cours de la journée. Tel qu’indiqué au début de ce billet, ce ne sont pas tous les décideurs et les gestionnaires des SAE qui étaient présents. Même s’il est parfaitement clair que l’accès aux services en français soit un droit et que ces services se doivent d’être activement offerts dans l’intérêt de l’enfant, parfois, certaines administrations vont plutôt penser en fonction de leurs intérêts à eux. Il ne s’agit pas de mauvaise foi nécessairement, mais plutôt de considérations administratives. J’entends souvent la question que les fonds sont insuffisants, que les services en français coûtent plus chers. C’est la mauvaise question à se poser. Il faut plutôt se demander combien coûte de ne pas offrir des services en français dès la première interaction avec le système ? Et c’est encore plus vrai lorsqu’il est question du mieux-être de nos enfants ! On a peine à imaginer le traumatisme que peut vivre un enfant qui se voit retirer du foyer en bas âge. Il est inconcevable de croire que ces enfants ne soient pas pris en charge par des personnes leur parlant en français, qu’ils soient accompagnés par des spécialistes ou par d’autres professionnels comme des psychologues, par exemple, qui soient capables de leur parler dans leur langue.
Aussi, j’accepterai toute invitation provenant d’une SAE à rencontrer soit des gestionnaires, des membres de conseils d’administrations ou d’autres groupes et organismes afin de leur faire valoir l’importance de bien desservir notre population ― déjà précarisée ― en français, et ce, peu importe l’endroit en Ontario.