Journée mondiale de lutte contre le sida: se tenir debout, y compris pour la francophonie ontarienne

Journée mondiale de lutte contre le sida | World Day Against Aids

Au cours de la dernière année, le Commissariat a reçu plusieurs plaintes de citoyens de la région du grand Toronto et d’Ottawa portant sur le manque de services en français pour les personnes vivant avec le VIH ou le sida. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida qui aura lieu demain, 1er décembre 2012, je trouve important de souligner à quel point de tels services sont cruciaux pour les francophones touchés par la pandémie.

Tel que je le mentionne dans mon rapport annuel 2011-2012, les plaignants qui ont communiqué avec le Commissariat ont allégué que lorsqu’ils s’étaient tournés vers des organismes communautaires de soutien – largement financés par le gouvernement en Ontario –, ils n’avaient pas reçu de services en français adéquats et équivalents.

Précisons que les plaignants ne déploraient pas nécessairement tous une absence totale de services. En effet, plusieurs avaient été accueillis ou orientés en français. Mais la dualité linguistique allait rarement plus loin que la salle de réception. Et lorsqu’on en venait à la prise en charge même de la personne vivant avec le VIH ou le sida, les services offerts n’étaient plus qu’en anglais (counselling, aide à la recherche de résidence, etc.).

Les personnes qui vivent avec le VIH ou le sida lutent littéralement pour leur vie et doivent à la fois partager et comprendre des informations complexes, de nature délicate. Elles doivent pouvoir décrire avec précision des symptômes, des effets secondaires, des états physiques et psychiques. Elles doivent recevoir et comprendre des conseils indispensables en matière de mode de vie, de conséquences sanitaires et juridiques de certaines pratiques, d’obtention d’aide à long terme et d’urgence et de prise de médicaments.

Clairement, avoir à expliquer ou à comprendre de telles nuances dans sa langue seconde tient de la gymnastique intellectuelle et les francophones qui vivent avec le VIH ou le sida en ont assez de jouer les acrobates linguistiques quand ils composent déjà avec des épreuves de toutes sortes. Ils ont donc sollicité l’aide du Commissariat pour faire valoir leur droit à un continuum d’accompagnement social et thérapeutique en français.

Évidemment, nous nous devions de faire lumière sur cette apparente iniquité et nous avons donc fait enquête. Les résultats n’ont pas été des plus favorables.

D’un côté, le ministère de la Santé et des Soins de Longue durée a déclaré que, bien que les organismes œuvrant dans le secteur du VIH/sida soient effectivement subventionnés à même les deniers publics, ils n’ont aucune obligation légale d’offrir des services en français, puisqu’ils ne sont pas des organismes gouvernementaux et qu’ils ne fournissent pas de services au nom du gouvernement.

D’un autre côté, le ministère a souligné de nombreux gestes qu’il a posés pour améliorer les services à l’intention des francophones vivant avec le VIH, mais ceux-ci se résument à faire traduire des campagnes de sensibilisation provinciale et à financer des activités d’information, de dépistage et de formation.

Ces efforts sont louables, mais ils ne règlent pas le problème fondamental soulevé par les plaignants, à savoir le manque de services de soutien en français adaptés, destinés à aider les francophones à composer avec leur maladie et les vastes répercussions médicales, personnelles et sociales qu’elles entraînent à long terme.

Le ministère nous a indiqué qu’il s’employait à élaborer une stratégie provinciale sur le VIH/sida et, dans un même souffle, a sous-entendu que la question débordait de la sphère de compétence du Commissariat.

Manifestement, je ne prétends pas être spécialiste des politiques de la santé. Toutefois, je suis spécialiste des droits linguistiques des francophones en Ontario et j’entends m’assurer que ceux et celles qui composent chaque jour avec une maladie qui les fait confronter l’abandon, la stigmatisation, la douleur, voire la fin de vie, puissent compter sur une structure en partie payée de leur poche, par l’entremise des deniers publics, pour répondre à leurs besoins.

Je souhaite donc que la stratégie entrevue par le ministère intègre pleinement les services en français dès le départ et que celle-ci prévoie non seulement des obligations en ce sens et de bout en bout de la part des partenaires financés par le gouvernement, mais aussi l’incorporation et le financement adéquat d’organismes francophones pleinement habilités à offrir des services aux personnes vivant avec le VIH ou le sida.

Commentaire

  1. Gilles Marchildon

    Bravo! Merci de saisir l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida pour souligner le problème auxquelles se heurtent les personnes francophones de l’Ontario vivant avec le VIH.

    Gilles Marchildon, directeur, Action positive VIH/sida

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *